Publié par : marcletourps | 6 décembre 2012

Les évasions de militaires et de civils depuis Carteret, juin 1940

Communication du 5 décembre 2012, par François Rosset

L’arrivée des Allemands

Le 18 juin 1940, les Allemands de la VIIème Panzer division commandée par le général Rommel font route vers Cherbourg le long de la côte ouest du Cotentin, par la route dégagée et non minée qu’avait empruntée les jours précédents les troupes anglaises pour aller s’embarquer (opération Ariel). Quelques avions survolent le convoi ; son avancée est trop lente au gré du général qui ne veut pas laisser à l’ennemi le temps de se préparer et de résister. Le 6 ème Fusiliers, porté sur véhicules blindés, est en avant-garde. Formée de tanks, de motos et de camions transportant des soldats, la colonne motorisée se déploie derrière une automitrailleuse sur laquelle le lieutenant français Gilanton, pris comme otage après la reddition du barrage de Saint Lô d’Ourville qu’il commandait, a été contraint de se tenir agrippé. « Le contraste était douloureusement saisissant entre ce déploiement de force matérielle et les débris de notre armée qui, par groupes errant dans les chemins creux, essayaient d’éviter la captivité. »
La progression du convoi est retardée par des tirs de navires de guerre. Le Léopard, le Savorgnan de Brazza, le Branle-bas et l’Incomprise ont en effet quitté Cherbourg la veille et croisent au large de Carteret. Ils tirent une centaine de coups entre 10 h 30 et 11 h et reprennent leurs tirs au début et à la fin de l’après-midi pour un bilan de 370 projectiles dans la journée.
Cherbourg sera toutefois atteint le lendemain 19 juin, et la capitulation interviendra à 17 heures, ordre étant donné par le chef d’état-major à tous les officiers de se rendre à l’hôtel de la préfecture maritime où ils furent remis aux autorités allemandes.
Le 18 juin, les Allemands étaient arrivés à Carteret dès 7 heures du matin. Au cours de la nuit, deux motocyclistes s’étaient présentés à l’Hôtel d’Angleterre en réclamant Alexandre Lesaint, son propriétaire. Ils pénétrèrent aussi au château des Douits. Ainsi commença l’occupation de Carteret, qui durera quatre ans exactement puisque sa libération par les Américains interviendra le 18 juin 1944.

Évasions à partir de Carteret

Le port de Carteret est idéalement situé en face de Jersey, au nord-est du port de Gorey dont il n’est séparé que d’à peine 14 nautiques. Un aller-retour est donc possible au cours d’une marée. Ce fut de ce fait un point d’embarquement pour les militaires et les civils désireux de fuir l’occupation allemande afin de mener le combat hors des frontières.
Au tout début de l’occupation allemande, les bateaux de pêche pouvaient encore sortir librement du port entre le lever du jour et le coucher du soleil. C’était le cas en juin et juillet 1940, seuls mois au cours desquels se produisirent des évasions dont les circonstances nous sont parvenues.

Le capitaine de vaisseau André Lemonnier (1896-1963)

L’amiral Lemonnier nous intéresse à plus d’un titre : grand militaire au service de la France pendant la Deuxième guerre mondiale, sa nomination au poste de chef d’état major général de la Marine, commandant des Forces maritimes et aéronavales françaises libres en 1943 par le général de Gaulle est un brevet de loyauté et de compétence qui devrait suffire à juguler toute polémique à son égard. André Lemonnier était aussi un cherbourgeois, et de plus membre correspondant de notre Société. Enfin, last but not least, il était le père de notre consoeur Anne Bonnet.
Fils d’un officier d’infanterie et neveu de l’amiral Lecannelier (1855 Barneville-1933 Cherbourg), André Lemonnier naquit le 24 février 1896 à Guingamp. Il suit sa famille à Cherbourg quand il n’a pas encore un an.
Élève du lycée Victor-Grignard à Cherbourg, il entre à 17 ans à l’École navale dont il sort major. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert comme enseigne de vaisseau sur des croiseurs et des patrouilleurs (Le Gloire, La Jeanne-d’Arc, la Patrie). Il est de l’attaque des Dardannelles en avril 1915, et commande une batterie de canonniers marins de l’Armée d’Orient en 1917. Lieutenant de vaisseau, il commande les sous-marins Frimaire et Newton à Cherbourg, la canonnière L’Emporté à Dakar, et le torpilleur Pierre Durand à Toulon.
En 1929, il suit l’École de Guerre dont il sort là aussi major. Il est nommé capitaine de corvette en 1933 et commande le torpilleur la Palme, puis en qualité de capitaine de frégate, le contre-torpilleur Le Malin de 1934 à 1936, après quoi il est détaché auprès de la commission de la Marine au Sénat.
Nommé capitaine de vaisseau le 23 juin 1939, (il est alors le plus jeune officier de ce grade) il commande des batteries de canonniers de la marine qui défendent Paris, protège l’évacuation des villes d’Anvers (Belgique), Dunkerque et Le Havre, défend Cherbourg et assure les départs vers Casablanca.

En raison de la pénurie de moyens relevant de l’armée de terre, la défense d’une partie de ce secteur [la Basse Seine] [avait été] confiée à la Marine Nationale, mission confiée au CV Lemonnier.
[…] Les seuls éléments terrestres dont disposera le CV Lemonnier se résumeront à un bataillon de douaniers de Pont-Audemer, un autre de territoriaux à Montfort sur Risle.
Le 14 juin, jour où la Wehrmacht entre dans Paris déclarée ville ouverte, l’ordre d’évacuation des positions s’en suit en raison du repli de la Xe armée appelée à constituer le réduit breton.

Le capitaine de vaisseau Lemonnier quitte donc son poste le 14 juin et participe à la défense de Cherbourg. Il commanda les Patrouilles de l’Océan, c’est-à-dire l’organisation de l’escorte et de la protection des navires marchands sur les côtes africaines, du 12 juillet au 12 août 1940, avant de prendre le commandement du Georges Leygues le 15 août, jusqu’au 30 août 1941.
Le croiseur Georges Leygues quitte Toulon pour Dakar le 9 septembre 1940 ; il échappe au blocus Britannique à Gibraltar et participe alors aux combats de Dakar du 23 au 25 septembre 1940 contre les Forces navales de la France libre et de la Royal Navy. Le capitaine de vaisseau Lemonnier revient ensuite à Alger où il rejoint les Alliés après le débarquement américain en Afrique du Nord (opération Torch du 8 novembre 1942).
Nommé contre-amiral le 21 novembre 1942 à Alger, André Lemonnier prend la tête du nouvel Office de la Marine marchande qui gère la flotte marchande française d’Afrique et d’Outre-mer.
Le 18 juillet 1943, André Lemonnier est promu par le général de Gaulle, chef d’état-major général de la Marine, commandant des Forces maritimes et aéronavales françaises libres. Il assure alors la fusion de la marine de Vichy et des Forces navales françaises libres et organise la participation de la marine réunifiée aux opérations alliées. Il dirige à ce titre le débarquement de ces troupes en Corse en septembre 1943, participe auprès des généraux américains à la conception du Débarquement de Normandie et commande l’escadre française qui débarque en Provence en août 1944 et libère Toulon le 13 septembre suivant. Vice-amiral en décembre 1944, vice-amiral d’escadre en janvier 1949, il quitte l’État major pour l’Institut des hautes études de la Défense nationale qu’il dirige de 1949 à avril 1951. Il est ensuite adjoint naval du général Eisenhower au quartier général des forces alliées en Europe (SHAPE), basé dans les Yvelines.
Puis, il participe à la fondation et dirige le collège de défense de l’OTAN qui forme les cadres supérieurs des forces du bloc occidental.
Promu amiral en décembre 1952, il prend sa retraite en août 1956.
Il est grand croix dans l’Ordre de la Légion d’honneur depuis septembre 1950, membre, vice-président et secrétaire perpétuel de l’Académie de Marine, membre correspondant de la Société nationale académique de Cherbourg. Il s’est fixé à La Glacerie au manoir de la Fieffe après son mariage avec la cherbourgeoise Madeleine Lecerf. De cette union sont nés 5 enfants.
Mort le 30 mai 1963 à Cherbourg à l’âge de soixante-sept ans, un hommage lui fut rendu le 5 juin en la basilique Sainte-Trinité. Une rue de Cherbourg-Octeville célèbre son souvenir, et une aussi à Marly le Roi.
La biographie de l’amiral Lemonnier comporte une période mal renseignée du 14 juin au 12 juillet 1940.
Quelques jours avant le 23 juin 1940, alors que des Allemands occupent Carteret depuis le 18 juin, un officier français aborde le patron de l’hôtel de la Marine, à Carteret, propriétaire d’un bateau de pêche, et le contraint à le faire passer à Jersey. Cet épisode nous est conté par l’amiral Thierry d’Argenlieu dans ses Souvenirs. Emmanuel Cesne (1905-1977) est le pêcheur aubergiste de Carteret qui emmena cet officier à Jersey à bord de son bateau, La Pensée, une vaquelotte de 5,43 tonneaux.
Le jour de l’évasion de cet officier, la demande d’armistice de la France du 17 juin était connue. Les officiers supérieurs ne pouvaient ignorer le sort qui serait réservé aux militaires encore présents à Cherbourg : la captivité, en Allemagne. Il est logique qu’ils aient cherché à fuir Cherbourg pour échapper aux Allemands, avec le même état d’esprit que celui de l’amiral Thierry d’Argenlieu qui écrit dans ses Souvenirs : « Évadé, je voulais sur le champ passer par Jersey en Angleterre et y poursuivre la lutte contre l’Allemand jusqu’à la victoire. » Rappelons qu’alors l’amiral Thierry d’Argenlieu ignorait l’appel du 18 juin et qu’en s’évadant son intention était de se battre avec les Anglais « ne [doutant] pas que la Marine ne continuât le combat ».
Selon le témoignage du propre fils du marin aubergiste Emmanuel Cesne, alors âgé de onze ans, et d’un autre carterétais alors âgé de dix-huit ans, cet officier était le capitaine de vaisseau cherbourgeois André Lemonnier.

On sait que l’amiral Lemonnier embarqua à bord du Fructidor avant de rejoindre Casablanca. Le Fructidor était un chalutier de Dieppe de 306 tonneaux construit en 1918 et réquisitionné en 1939 par l’armée française, parmi 250 bateaux, pour la plupart des bateaux de pêche. Il fut transformé en dragueur de mines auxiliaire sous l’immatriculation AD 52. Il navigue en Manche près de Boulogne en mai 1940. Il participa vraisemblablement à l’évacuation de Dunkerque (opération Dynamo) parmi la flotte des « Petits navires » et si c’est le cas il se trouvait en Angleterre à la fin du printemps 1940. Il ne s’y trouvait plus, ou pas, le 3 juillet suivant, sans quoi, comme tous les navires français, il aurait été saisi par les autorités britanniques. On peut supposer que l’amiral Lemonnier, si c’est lui qui s’est embarqué pour Jersey avec le pêcheur aubergiste Cesne quelques jours avant le 23 juin 1940, a gagné l’Angleterre (c’était alors chose facile), et est rentré en France à bord du Fructidor ou d’un autre navire. Les militaires français présents en Angleterre à cette époque avaient le choix de s’engager dans les Forces Françaises Libres, ce que très peu firent, ou de rentrer en France à bord des bateaux disponibles sur place.
Cependant cette version est en contradiction avec le récit du contre-amiral Lepotier dans son livre Cherbourg Port de la Libération, publié en 1972 :

Le capitaine de vaisseau Lemonnier […] avait été chargé, trop tard, d’organiser la défense de la Basse-Seine et s’était replié sur Cherbourg où il s’était mis aux ordres de l’amiral Nord [c’est-à-dire l’amiral Abrial]. Après plusieurs missions dans le Cotentin il avait reçu « liberté de manœuvre » à Tourlaville le 18 juin à 13 heures. Arrivé à la gare maritime où les Anglais incendiaient leurs camions, il prit une embarcation pour se rendre à la jetée du Homet. Le patrouilleur Fructidor – commandé par le lieutenant de vaisseau Bernard – se trouvant dans les parages, il y prit passage avec le fils de l’amiral Darlan, officier d’état-major, et deux marins qui l’accompagnaient.
Dans la soirée, la situation en rade devenant intenable sous les bombardements aériens, il donna l’ordre au Fructidor de faire route sur Brest. Le 19 à midi, apprenant la chute imminente de ce port il décida de se rendre à Plymouth…mais sur le faux message – émis par les Allemands – ordonnant de rallier les ports français, il fit route sur Lorient.
Informé par des pêcheurs de l’arrivée de l’ennemi dans ce port, il poursuivit sa route vers Belle-Île puis…vers Casablanca.

Ce récit est très étonnant mais malheureusement l’auteur ne cite pas ses sources, ce qui le rend peu fiable. Il est de façon certaine erroné sur un point : le Fructidor n’était pas un patrouilleur, mais comme on l’a vu un chalutier transformé en dragueur de mines auxiliaire. Par ailleurs il est surprenant qu’un capitaine de vaisseau comme l’amiral Lemonnier se laisse prendre par de faux messages, et ne regagne pas Portsmouth comme le font d’autres navires, malgré ces « faux messages ». L’auteur ajoute en effet : « De nombreux autres isolés gagnèrent les îles anglo-normandes ou Portsmouth sur des embarcations diverses. »
Il y a donc là un point à élucider en se reportant aux sources officielles, ce qui n’a malheureusement pas été possible avant cette communication.

L’évasion du commandant Thierry d’Argenlieu (1889-1964)

Fils d’un contrôleur général de la Marine, Georges Thierry d’Argenlieu entre à l’École navale en 1906. Enseigne de vaisseau de 1re classe en 1911, il participe à la campagne du Maroc et y reçoit la Légion d’honneur. Servant dans la Méditerranée pendant la Première Guerre mondiale, il demande son admission dans le Tiers-Ordre du carmel lors d’une escale à Malte, en 1915. En juillet 1917, il est promu lieutenant de vaisseau. Il prend l’habit de religieux carme en tant que Louis de la Trinité au couvent d’Avon en 1920 et prononce ses premiers vœux le 15 septembre 1921. Après quatre années d’études dans les facultés catholiques de Lille, il est ordonné prêtre à Lille en 1925. La Province des Carmes de Paris ayant été restaurée le 11 février 1932, il est nommé supérieur provincial de Paris en 1935 ».
Affecté à l’état major du secteur de Défense de Cherbourg lors de sa mobilisation au mois de septembre 1939, Georges Thierry d’Argenlieu est promu capitaine de corvette le 10 février 1940. Il fut fait prisonnier le 19 juin suivant, lors de la capitulation de la ville, à l’hôtel de la préfecture maritime. Il s’y était rendu à 17 heures sur convocation du chef d’état major, ainsi que cinq cents officiers, toutes armes et tous rangs confondus. Transféré en car sous bonne garde à l’hôtel des Voyageurs, en face du bassin du port de commerce, il y passe trois jours sous la surveillance des sentinelles allemandes. Puis, le 22 juin à dix heures du matin, c’est le départ de Cherbourg à bord d’un convoi de camions pour l’Allemagne, via Valognes et Saint-Lô, première étape prévue. Déterminé à s’évader, profitant d’un arrêt et d’un moment d’inattention des sentinelles, Thierry d’Argenlieu saute du camion, un Bedford britannique, près de La Haye-du-Puits, se dissimule dans une étable, se fait nourrir et vêtir par un paysan, Pierre Lecorre, alerté par sa fille d’une dizaine d’années. Il se dirige alors vers Carteret, où il arrive dans la soirée par le village du Tôt pour éviter le bourg de Barneville. Il se réfugie villa Clémentine, rue du Val dans le quartier des Ormes, dont il connaît les habitants.
Cette grande villa appartient à cette époque à Marie Demare (1886-1973) qui en loue une partie à Germaine Poulet-Goffard (1904-2004) née Sion. Cette dernière se trouve à Carteret depuis le début du printemps avec ses cinq enfants âgés de 2 à 8 ans mais sans son mari, mobilisé, et avec sa sœur Ninette André, sans enfant, dont le mari Jacques a été fait prisonnier. Germaine ne sait pas encore que son mari sera fait également prisonnier dans les Vosges le lendemain, 23 juin 1940. Ces sœurs ont un frère, Victor Sion, carme au couvent d’Avon près de Fontainebleau en 1920 avec Georges Thierry d’Argenlieu. C’est ainsi qu’il avait fait la connaissance des deux sœurs qu’il venait voir de temps en temps à Carteret, rencontrant parfois la propriétaire mademoiselle Demare qu’il connaissait donc également.
Il passe la nuit à la villa.
Le lendemain, 23 juin, il la quitte au profit des écuries situées dans le jardin, plus discrètes, qui disposent d’une chambre sommaire à l’étage. Après une tentative infructueuse pour se faire emmener à Jersey par le pêcheur qui a déjà passé un officier quelques jours plus tôt, il rencontre le jeune Bernard Poret (1920-2009). Celui-ci informe son père, Paul Poret (1883-1962), de la présence du commandant à la villa Clémentine et de son désir de se rendre à Jersey pour gagner l’Angleterre. À ce moment là, Thierry d’Argenlieu ignore tout et de l’Armistice signé le même jour, et de l’appel du 18 juin. Il pense simplement que la Marine nationale continue le combat.
Paul Poret s’entremet pour lui auprès du patron pêcheur Émile Valmy, qui accepte de conduire Thierry d’Argenlieu à Jersey, ainsi que trois marins venus de Cherbourg et cachés à Carteret, dont le quartier-maître Salès, un second-maître fourrier et un simple matelot. Le soir du 23 juin vers 20 heures, Thierry d’Argenlieu et les trois marins, informés par Bernard Poret, se rendent individuellement villa Albert en passant par l’entrée située rampe Arago (aujourd’hui rue Amiral Thierry d’Argenlieu). Cette maison inoccupée appartient à Albert Poret, frère de Paul. Elle domine la cale d’embarquement (la cale Ventrillon). De la pergola du jardin les fugitifs peuvent surveiller le port. Vers 1 h 30 le 24 juin, par un dangereux clair de lune, ils rampent plus qu’ils ne marchent jusqu’à la cale et s’embarquent sur le Marie-Georges, bateau ventru de cinq mètres de long, échoué et béquillé. Trois d’entre eux se dissimulent à plat pont sous les voiles et un morceau de prélart , le quatrième disparaît dans ce qui tient lieu de baille à mouillage à l’extrême pointe du bateau. Valmy n’arrivera à bord que vers huit heures du matin et les conduira à ses risques et périls, mais heureusement sans encombre, à Gorey, petit port de la côte est de Jersey, où ils abordent vers midi, à mi-marée, ayant bénéficié pendant la route d’un ciel bas les protégeant d’éventuels raids aériens. Valmy reprend immédiatement la mer pour se fondre dans la flottille de pêche de Carteret.
Thierry d’Argenlieu, accueilli par le consul général de France Pinoteau, est alors informé, et alors seulement : de la signature de l’armistice avec l’Allemagne le 22 juin, de l’appel du 18 juin du général de Gaulle, et de la résistance d’une partie de l’Empire français. Muni d’une pièce d’identité délivrée par le consul, Thierry d’Argenlieu peut alors s’embarquer pour Londres, non sans avoir au préalable procédé à quelques achats à Saint Hélier en compagnie du lieutenant de vaisseau Charrier, lui aussi évadé, guidés par le frère Étienne, assistant général des frères de Lammenais qui leur donne des lettres d’introduction pour leur Institut.
Ce 24 juin à 17 heures, Thierry d’Argenlieu embarque à bord du Brittany, dernier paquebot en partance pour l’Angleterre avant l’occupation allemande de l’île, avec une vingtaine de marins français et de nombreux jersiais en fuite. Après une escale de longues heures à Guernesey, le Brittany reprend la mer et accoste vers 11 heures le lendemain à Southampton. Thierry d’Argenlieu sera à Londres aux côtés du général de Gaulle le 30 juin suivant.
Nommé Haut commissaire de France et commandant en chef pour l’Indochine en août 1945, il sera remplacé en mars 1947. Des ennuis de santé lui font réduire peu à peu ses activités à partir de 1955, et après sa démission de Chancelier de l’Ordre de la Libération en 1958, il se retire définitivement au Carmel. Il meurt à Brest le 7 septembre 1964.
Surnommé « le carme naval » dans la Marine, son nom se prête à une contre pétrie : « tient lieu d’argenterie », allusion à ses nombreuses décorations.
Après la guerre, l’amiral Thierry d’Argenlieu offrit un bateau de pêche à Émile Valmy, baptisé La Michelle, du nom de la fille de ce dernier née pendant l’Occupation. Commandé par les Allemands aux chantiers Bellot à Barfleur, sa construction date de 1944. Francisé le 29 mai 1945, La Michelle, immatriculée CH 3508, était un bautier de barfleur de 10 mètres de long, quatre mètres de large, 1.85 mètre de tirant d’eau, de 10.84 tonneaux de jauge brute, équipée d’un moteur de 40 CV. D’une robustesse à toute épreuve, il constituait la plus grosse unité de la flottille de pêche de Carteret.
Dimanche 7 septembre 1947 eut lieu une grande fête à Carteret pour célébrer la paix retrouvée. Des rues furent rebaptisées. C’est ainsi que la Rampe Arago devint le rue Amiral Thierry d’Argenlieu. Émile Valmy eut l’honneur d’ôter le drapeau français qui voilait la plaque, en présence de l’amiral.

Les quatre volontaires

Comme les mousquetaires, les trois volontaires sont quatre. Leur nom figure sur une plaque commémorative de la « Rue des Quatre Volontaires », anciennement rue de Versailles, à Carteret. Le quatrième volontaire, Jack Douay, s’embarqua de Bretagne et non de Carteret et ne combattit pas dans les Forces françaises libres, mais dans la Royal Air Force, contrairement à ce qui est indiqué sur la plaque.

Évasion des trois volontaires

Émile Valmy, qui avait emmené Georges Thierry d’Argenlieu à Jersey le 24 juin renouvela son exploit quelques jours après, le 29, emmenant clandestinement à Jersey trois jeunes gens désireux de rejoindre le général de Gaulle : André Courval, né le 22 novembre 1912 à Carteret, ouvrier artisan, Henri Letourneur, né le 25 octobre 1913 à Mantes-la-Ville (Seine et Oise), marin et Clément Milet né le 3 septembre 1919 à Carteret. Ils ont pour seul bagage les contacts à Jersey fournis par Mathilde Poulain, jersiaise qui habitait à Carteret. Voici un extrait du récit de Clément Milet :
« Ce 3 septembre 1939, jour de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne, c’est aussi le jour de mon vingtième anniversaire. Le lendemain 4 septembre, je suis incorporé dans la Marine Nationale à Cherbourg et affecté à la DCA à Éculleville, petit poste dans la Hague, à 20 kilomètres de Cherbourg.
En juin 1940, les troupes allemandes investissent Cherbourg et l’effectif du poste, une vingtaine d’hommes, se replie sur le fort de Nacqueville où rapidement je comprends que nous allons être faits prisonniers. Je décide alors de m’enfuir. Grâce à des vêtements civils donnés par un fermier, je parviens à Carteret où résident mes parents. Des affiches allemandes ordonnent aux hommes en âge de porter les armes de se rendre à la Kommandantur. Je m’y refuse et mon père, ancien officier de la guerre 14-18 m’approuve. Il apprend qu’un de mes camarades d’école, André Courval, a réussi lui aussi à s’échapper de Cherbourg. Il s’est réfugié chez sa mère à Carteret et cherche à quitter la France pour continuer la lutte en Angleterre. Les Iles anglo-normandes sont à une quinzaine de milles de Carteret. Un pêcheur, Émile Valmy, accepte de nous emmener à Jersey. La veille, il a conduit dans l’île un officier de Marine qui deviendra l’Amiral d’Argenlieu. Un autre camarade, marié à une Carteretaise, Henri Letourneur, se joint à nous. »
Henri Letourneur avait été affecté au début de la guerre à La Nantaise qui attaquera deux sous marins allemands supposés détruits, l’un en décembre 1939 et l’autre en janvier 1940. Au printemps suivant, il embarque sur « un chalutier belge réquisitionné pour évacuer des civils des ports de la mer du Nord sur Cherbourg, rotations qui prendront fin aux derniers jours de mai, avec le naufrage du bâtiment. » Après un séjour à l’hôpital, Letourneur, quartier-maître canonnier, est fait prisonnier lors du franchissement de la Risle à Pont-Audemer par l’armée allemande. Il s’évade du camp de prisonniers voisin de Caen, est repris sur la dénonciation d’un paysan près de Creuilly et emmené le 19 juin sur la base aéronavale de Cherbourg. Enfermé au stade de la Marine, « [je] profite de la nuit pour grimper le long d’une gouttière, remonter sur le toit, passer de l’autre côté, me laisser tomber de deux à trois mètres, courir vers ma maison rue de l’Amiral d’Aboville, me débarrasser de mon uniforme, me mettre en civil, prendre un peu de sommeil. Au matin, je vais voir ce qui se passe en ville. » Cherbourg est couvert d’affiches enjoignant aux soldats et marins de se présenter au plus tard le 5 juillet à la Kommandantur, rue Emmanuel Liais, sous peine de sanctions graves. Henri Letourneur s’empare d’une bicyclette et s’engage sur la route des Pieux. Il croise une colonne de chars allemands, puis un groupe d’artilleurs et de marins français en débandade près de la batterie de Sideville, allant faire leur reddition à Cherbourg. Il en convainc quelques uns de s’échapper avec lui et ils partent à pied d’abord, puis dans une Hotchkiss abandonnée. Croisant une nouvelle colonne de blindés, ils cachent la voiture derrière une haie et reprennent à pied la route de Carteret où Henri Letourneur sait retrouver sa femme. Cette dernière collecte des vêtements civils pour la petite troupe logée dans un grenier à foins au hameau des Landes, sur une hauteur dominant le port de Carteret. Mais le lendemain, Letourneur ne retrouve pas la troupe, qui, effrayée par les affiches allemandes menaçantes, a disparu.
Après huit jours d’attente, Henri Letourneur découvre le projet d’évasion assuré par Émile Valmy.

« Tapis comme des conspirateurs, villa les Noyers, chez les parents de Clément Millet [mauvaise leçon pour Milet], nous attendons le moment favorable de la marée, vers 23 heures. Nous nous déchaussons pour nous faufiler, par l’allée Péret [mauvaise leçon pour Poret], traverser les cours de l’hôtel de la Mer, cantonnement allemand. Et gagnons un à un la cale de la « Marie Georges ». Le logement est étroit. Mais le confort n’est pas notre souci premier. Vers minuit, une patrouille allemande qui martelait la chaussée, s’arrête contre le bateau. Sueurs froides.
Arrive enfin Valmy.
– Ausweiss ? demande la sentinelle.
Un de ses frères d’armes descend sur le pont tandis que Valmy présente les papiers
l’autorisant à sortir, le temps d’une marée.
Ça y est ! Pensons-nous au fond de notre cale. Faits comme des rats ! »
Un malheur n’arrivant jamais seul, Valmy découvre qu’il a oublié le gicleur. Retourne chez lui, à cent mètres. La mer, pendant ce temps, baisse. « Catastrophe supplémentaire, [dit Henri Letourneur] nous avons oublié, dans notre précipitation, d’enlever les béquilles. Et c’est en poussant avec l’aviron qu’un de nos camarades fait quitter le bord à la barcasse.
Nous nous lovons dans la cale, le temps de passer le chenal, à la voile, pou ne pas soulever de bruit. 2 heures, 29 juin. Trente minutes après, nous filons à plein moteur, montons sur le pont, aspirons une bonne bouffée d’air du large. Ernest [mauvaise leçon pour Émile]Valmy ouvre le thermos de café qu’il a apporté. Et moi, je débouche une bouteille dont je m’étais muni, et que je passe à la régalade : bien sûr, du calvados ! »

Le récit de Clément Milet est plus sobre et plus vraisemblable :

« Dans la nuit du 25 au 26 juin , nous disons adieu à nos familles et nous rendons à bord de la « Marie Georges » avec beaucoup de précautions car le petit port de Carteret est infesté d’Allemands. Cachés dans la cale du bateau, sous les équipements de pêche, nous attendons Valmy. La mer étant de morte-eau, nous l’aidons à pousser son bateau dans le chenal, sans nous faire remarquer des patrouilles. Puis nous nous laissons porter par le courant de reflux. À cette époque les Allemands laissaient encore les pêcheurs évoluer près des côtes, aussi Valmy met-il le moteur en marche au bout d’un certain temps et, dans la brume, nous filons vers Jersey.
Les fugitifs atteignent Jersey au petit matin, le 29 juin. Passé les services de l’immigration ils sont recueillis par l’avocat Richardson qui les place dans une de ses fermes pour attendre le prochain bateau pour l’Angleterre. Mais les Allemands occupent l’île le lendemain. Tous les hommes en âge de porter les armes doivent se rendre à la Kommandantur. Les trois volontaires se cachent dans une ferme dans laquelle ils arrachent les pommes de terre et traitent les tomates. Peu sûrs des fermières, ils retournent chez l’avocat qui les place dans une autre de ses fermes tenue par une famille écossaise, les Doublard, qui acceptent de faciliter leur projet d’évasion et leur prêtent des bicyclettes. Après plusieurs projets avortés, ils repèrent dans le port du Rozel, proche de la ferme des Doublard, un canot de cinq mètres qui leur paraît convenir, le Suzanne, d’environ trois tonneaux.
« Dans la nuit du 19 août, nous décidons André et moi de nous rendre à bord, ce qui n’est pas aisé, car ce bateau se trouve en 6éme position au milieu du port. Henri devra surveiller le quai et signaler les éventuelles patrouilles allemandes. Après avoir forcé la porte du roof et fait l’état des lieux, nous constatons que les quatre bouchons porte-bougies du moteur « Baudouin » ont été enlevés ainsi que la magnéto. Nous estimons qu’il faudra environ une centaine de litres d’essence pour atteindre l’Angleterre. Le lendemain nous retournons chez Me Richardson, pour le mettre au courant de l’avancement de notre projet. Il nous recommande d’aller voir un ami, M. Lefèvre, ancien employé à l’Ambassade de France à Londres, susceptible de nous aider. En effet celui-ci met à notre disposition une partie du matériel souhaité, notamment la magnéto. D’autre part, un ami de ma famille, M. Levoguer, qui travaille dans un garage de Saint-Hélier, accepte de m’aider à refaire les quatre bouchons porte-bougies et de nous faciliter le siphonage d’essence dans les voitures allemandes ou réquisitionnées. Notre fermier, M. Boulard, nous aide à transporter cette essence dans des bidons fermés par des pommes de terre, cachés sous le ravitaillement destiné à ses porcs, dans sa voiture à chevaux. À la barbe des Allemands, nous traversons Saint-Hélier et l’Île jusqu’à la terre ferme, inquiets de l’odeur d’essence que nous laissons derrière nous. […]
À la maison des jésuites, le père Rey, que les Levoguer leur ont conseillé de voir, leur donne un compas de navigation, un livre des marées et une carte marine. Les jeunes gens font des repérages afin de pouvoir informer utilement les Anglais. Ils détectent en particulier une construction en cours au nord-est de l’île sur une maison en ruine qui s’avérera un radar, des dépôts de munitions et des avions sur le terrain de Saint-Peter. M. Richardson leur confie des lettres, et met à leur disposition du matériel pour bateau de plaisance.
Dans la nuit du 26 au 27 août, les jeunes gens se rendent sur le quai avec tout leur équipement. Ils embarquent après avoir coupé toutes les amarres des bateaux sur lesquels ils étaient passés. Henri Letourneur godille pour sortir du port tandis qu’André Courval remonte les bouchons porte-bougies et la magnéto et que Clément Milet remplit le réservoir d’essence. Les Allemands alertés par le bruit du moteur balaient la mer avec des projecteurs électriques mais ne parviennent pas à les localiser.
Ils sont loin maintenant, voguent sans repère dans la nuit noire vers les Écréhou, passent entre Guernesey et Aurigny, manquent de se fracasser contre l’île de Herm, près de Sercq. Au petit matin ils doublent les Pater Noster, puis à l’étale le Raz Blanchard et mettent cap au nord. Le soir, en vue des côtes anglaises, ils tombent en panne de moteur et ne parviennent pas à réparer. Ils essaient de gréer le mât et la voile qu’ils avaient pris chez M. Richardson, mais le mât est trop court et ils ne peuvent hisser la voile. Ils lancent sans succès quatre fusées de détresse, et sont ballottés toute la nuit sur des hauts fonds. Le lendemain matin le moteur repart. Ils longent la côte, escortés par des marsouins. Les Anglais les ont repérés mais ne bougent pas car ils sont sur un champ de mines ! Enfin, après trente six heures de mer, ils parviennent en vue de Dartmouth, en Cornouailles, et y pénètrent après avoir hissé sur le mât un drapeau français et un drapeau anglais.
Ils sont alors accueillis sur un bateau de police et interrogés par un officier parlant français à qui ils remettent les lettres confiées par l’avocat Richardson. Félicités par l’amiral commandant l’École Navale, ils sont ensuite emmenés à Londres par le train. Ils livrent les renseignements qu’ils avaient pu glaner à Jersey, jugés particulièrement utiles. Le capitaine Rabett qui les a pris en charge les emmène alors au Home Office où ils donnent des indications sur les conditions de vie de la population jersiaise. Puis ils sont conduits à l’Intelligence Service où on leur présente le lieutenant Dorléans, officier des Services Spéciaux de la France Libre, qui leur prend leurs vêtements civils. Ils sont alors conduits à l’Olympia, centre d’exposition au cœur de Londres, siège des Forces Françaises Libres, où ils signent le 30 août 1940 leur engagement pour la durée de la guerre.
Clément Milet, alias Auvray, passera toute la guerre dans l’aviation. Démobilisé le 5 janvier 1946 comme sergent, il fera carrière à la Direction de la Surveillance du Territoire jusqu’à sa retraite en 1977 comme Commissaire Divisionnaire de la Police Nationale. Il décède en 2007.
André Courval, alias Saillard, a continué la guerre au groupe Bretagne (reconnaissance et bombardement) et fut gravement blessé. Démobilisé avec le grade d’adjudant, il est devenu professeur au lycée de Granville. Décédé en 2002, il est inhumé au cimetière de Carteret à côté de sa femme Hélène Ferey.
Henri Letourneur, alias Hennequin, fut embarqué dans les Forces Navales Françaises Libres, où il atteignit le grade de Second maître canonnier, sur Marine Douala, Ouragan, Reselys, et La Combattante. Il survécut au naufrage de ce torpilleur survenu le 23 février 1945 après l’explosion d’une mine, à l’embouchure de la rivière Humber (Grande Bretagne) en Mer du Nord. Après la guerre il est retourné dans la Marine. Il décèda vers 2002.

Le quatrième volontaire

Le 16 juin 1940, inquiet de l’avancée des Allemands vers Cherbourg, Jean Douay quitte la Cigale à Carteret et emmène ses enfants Léah et Jack à Avranches. Le lendemain, 17 juin, Pétain demande l’armistice. Jack Douay décide de quitter le territoire français. Il ne peut partir par le Sud comme il le voudrait car les Allemands coupent la route. Il part donc par l’Ouest, passe le Couesnon dont les Allemands abandonnent la garde à cause du passage d’un avion militaire et se rend à bicyclette au Val André, en Bretagne, chez des amis. Il y apprend qu’un pêcheur s’apprête à partir à 5 heures du matin pour Jersey avec des militaires à son bord. Il se joint à eux et gagne Jersey par mer agitée. Là, fort de sa double nationalité française et anglaise, un bobby lui ouvre la passerelle d’un cargo qui évacuait des Anglais. Les fonds de cale d’un cimentier offrent un air peu respirable. Cependant Jack Douay débarque sain et sauf à Weymouth et prend un train pour Eastborn où il a des cousins. Trop jeune pour s’engager, il trouve du travail chez un autre cousin à Glasgow. Mais il est exténué par un rythme infernal et se repose avec un travail dans une ferme à Oxford pour se refaire une santé. À 18 ans il s’engage dans la Royal Air Force. Son entraînement de pilote de chasse a lieu en Afrique du Sud. En 1944 il revient en Angleterre sur Spitfire pour couvrir le débarquement : protection aérienne des plages, patrouilles. Puis il participe à la bataille d’Arnhem en Hollande. Revenu en Angleterre, il se reconvertit sur le Gloster Meteor, premier avion à réaction militaire mis en service par le Royaume-Uni et seul avion de ce type utilisé par les forces Alliées pendant la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé en 1946, Jack Douay bénéficie d’un programme de formation de trois ans réservé aux personnes qui ont interrompu leurs études pour servir. Il les passe à Oxford à étudier l’exploitation forestière, domaine où il exercera sa profession.

Les trois soldats sénégalais

Au début du mois de juillet 1940, Armand Férey, agriculteur , et Henri Leboisselier, gendarme de Barneville, vont chercher trois soldats sénégalais cachés dans les bois du Prieuré de la Taille, à La Haye-d’Ectot. Jean Renouf et Bernard Poisson, après avoir abandonné leurs fonctions à l’Arsenal de Cherbourg, y ont constitué un maquis sous la protection du réseau Libération-Nord, à proximité de la laiterie de Sortosville-en-Beaumont où Maurice Griffault, le directeur, cache un stock d’armes, sous la protection discrète d’ Henri Leboisselier. Armand Férey et Henri Leboisselier emmènent les trois soldats, dont l’un sait naviguer, sur la plage de Carteret où ils embarquent à bord d’un petit bateau de pêche mis à leur disposition par un ami d’Armand Ferey. Ils partent pour Jersey. On ne sait ce qu’ils sont devenus.


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