Publié par : marcletourps | 13 décembre 2010

Un gouverneur de Cherbourg sous la Ligue – Michel de Montreuil, dit le capitaine de La Chaux (ca 1538-1621)

Un gouverneur de Cherbourg sous la Ligue

Michel de Montreuil, dit le capitaine de La Chaux

(ca 1538-1621)

 par François Rosset, 8 décembre 2010

Résumé

 Michel de Montreuil combattit les protestants menés par Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, dans la région de Domfront de 1574 à 1584, avant de prendre le commandement de la ville et du château de Cherbourg. Dans ces fonctions qui avaient des implications civiles, militaires et religieuses, le capitaine de La Chaux servit avec autorité et compétence, leva des troupes, arma des navires, et fut récompensé en étant nommé bailli d’épée du Cotentin, ce qui lui donnait la suprématie sur toute la noblesse locale et le commandement de l’arrière-ban. Un de ses combats les plus difficiles fut la réduction des révoltes et pillages organisés dans le Val de Saire sous le commandement de François de la Cour, seigneur du Tourp, et de son fils.

Maintenu dans ses fonctions jusqu’à la promulgation de l’édit de Nantes, Michel de Montreuil se vit ensuite confier le commandement des ville et château de St Sauveur-le-Vicomte.

La carrière de Michel de Montreuil permet d’éclairer certains aspects de l’histoire de la ville de Cherbourg durant le dernier quart du XVIe siècle. Ces aspects ont été révélés par les mémoires qu’il a lui-même rédigés mais qui nous sont parvenus à travers ceux, manuscrits, de l’épouse d’un de ses descendants, la comtesse de La Chaux, et ceux, manuscrits également, d’un historien de Cherbourg, Gilles-Pierre Avoyne de Chantereyne, à qui la précédente les avait communiqués au XVIIIe siècle.

Introduction

Le fond historique sur lequel s’inscrit la carrière de Michel de Montreuil est celui des guerres de religion s’étendant de l’après Saint Barthélémy (1572) jusqu’au lendemain l’édit de Nantes (1598). Et plus particulièrement la huitième guerre de religion (1588-1598) aussi appelée guerre des trois Henri : Henri, duc de Guise, chef de la Ligue, Henri III roi de France et Henri de Bourbon, roi de Navarre, futur Henri IV.

Sources

1- Les  Manuscrits de La Chaux

La source principale utilisée ici est constituée des manuscrits de la comtesse de La Chaux, (ca1715-1796) qui avait épousé Pierre de Montreuil dont Michel de Montreuil, le gouverneur de Cherbourg, était le trisaïeul.  

   La comtesse de La Chaux vécut à Vaugeois[1] à la limite de la Normandie et du Bas-Maine (aujourd’hui de l’Orne et de la Mayenne) à partir de son mariage célébré en 1742. Elle y rédigea de nombreux documents, en particulier des notices sur des familles et des fiefs normands et manceaux, et des Mémoires Intimes[2] dans lesquels la vie à Vaugeois occupe une place de choix. Baptisés ici Manuscrits de La Chaux, et sauf deux cahiers de la main de leur auteur, ils nous sont parvenus sous forme de copies de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle. Ils représentent environ quatre mille pages. Disséminés dans des bibliothèques de l’Orne, les Manuscrits de La Chaux présentent un intérêt majeur notamment pour l’étude des familles et des fiefs de la région du Bocage ornais situés dans  le Passais et le Houlme.

 

2- Le manuscrit de Gilles-Pierre Avoyne de Chantereyne

La seconde source en importance est le manuscrit de Gilles-Pierre Avoyne de Chantereyne[3] (1728-1789), receveur des droits de l’Amirauté pour le duc de Penthièvre et, dans les dernières années de sa vie, échevin de la ville de Cherbourg[4].  Edouard Avoyne de Chantereyne a annoté en 1852 et publié en 1873 le manuscrit de son aïeul ; il signale que ce dernier a extrait beaucoup d’informations des mémoires de M. de La Chaux, commandant de Cherbourg, et qu’il les reproduit.

En comparant la relation des faits par Chantereyne et par la comtesse de La Chaux, on remarque une grande similitude malgré certaines confusions sans importance pour nous : c’est que les informations ont été puisées à la même source : le manuscrit de Michel de Montreuil, conservé dans le chartrier de Vaugeois[5], que la comtesse de La Chaux avait communiqué à Chantereyne. Mais  celle-ci a laissé de côté de nombreux détails relatifs à l’histoire de la ville de Cherbourg, sans intérêt pour  ses notes généalogiques sur la maison de Montreuil,  détails au contraire retenus par Chantereyne, historien de la ville de Cherbourg.

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Ses mariages

Michel de Montreuil, dit le capitaine de La Chaux,  n’eut pas d’enfant de son premier mariage avec Jeanne du Mesnildot dont il était le troisième mari (son premier mari André Clérel est l’ancêtre de la famille de Tocqueville). Il épousa peu après son veuvage Françoise de Mondot dont il eut dix enfants dont l’aîné, Hervé, sera comme lui nommé bailli d’épée du Cotentin. Françoise de Mondot lui apporta un patrimoine foncier considérable, en particulier le fief de Vaugeois. Il est donc le premier Montreuil seigneur de Vaugeois, terre à laquelle il a donné le nom de La Chaux que sa descendance a continué à porter alors qu’elle ne possédait plus la terre éponyme depuis longtemps. Notons également puisque nous sommes à Cherbourg que Michel de Montreuil avait acquis la baronnie de Tollevast qu’il céda en se retirant dans son château de Vaugeois au tout début du XVIIe siècle.

Carrière militaire de Michel de Montreuil

 

On ne sait quelle fut la formation du capitaine de La Chaux. Les premiers documents  relatifs à sa carrière militaire datent  de 1574. Il avait environ 36 ans. On le voit alors combattre les protestants menés par Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, dans la région de Domfront, sous le commandement général du maréchal de Matignon, comte de Thorigny, dont il deviendra le prévôt. Dix ans plus tard il prend le commandement du château et de la ville de Cherbourg où il combat victorieusement les ligueurs et les empêche de s’emparer de la ville. Henri IV le nomme bailli d’épée du Cotentin. Il pacifie la région et en particulier le Val de Saire où sévissait une bande de pilleurs. Mais son protecteur le maréchal de Matignon meurt en 1597, remplacé par son fils Charles de Matignon. Celui-ci bientôt nomme à Cherbourg un de ses parents, Jacques Goyon. Henri IV donne alors à Michel de Montreuil le commandement des ville et château de Saint-Sauveur-le-Vicomte,  à titre semble-t-il de consolation.

Nous allons reprendre cette carrière depuis ses débuts.

La lutte contre Montgomery

 

De retour d’Angleterre où il s’était exilé après avoir blessé à mort le roi Henri II en tournoi chevaleresque, et ayant adopté outre-manche la religion calviniste, Montgomery soutint par tous les moyens ses coreligionnaires. Son château de Ducey dans la région d’Avranches (Manche) constituait pour lui une solide base arrière, en communication facile avec l’Angleterre.

[Le] 12 mars 1574, le comte de Thorigny […][6] chevalier de l’ordre du roi, conseiller en son conseil privé, capitaine de 50 hommes d’armes de son ordonnance et lieutenant général en Normandie, en l’absence du duc de Bouillon, manda Monsieur de La Chaux écuyer sieur de La Chaux qu’ayant appris que ceux qui s’étaient emparés et saisis de la ville et château de Domfront faisaient une infinité de maux dans tous les environs, ayant avisé de lever des troupes pour les en empêcher à l’avenir, et en bailler la charge à quelque gentilhomme capable, ayant confiance en sa fidélité, expérience aux armes etc., en vertu du pouvoir dont était revêtu dans le pays par le roy, lui donnait charge et commission de mettre sus et assembler le plus promptement qu’il serait possible cent hommes de pied des meilleurs et plus aguerris soldats qu’il pourrait trouver et les mener et employer à l’empêchement des dites pilleries, que ailleurs pour le service du roy.

Le 23 mars suivant, autre lettre signée Matignon, également datée de Sées, adressée au capitaine La Chaux, disant que vu que les ennemis n’étaient que 50 ou 60 hommes dans Domfront avec ce que le dit La Chaux avait de soldats et de la noblesse, il avait les moyens d’empêcher les courses et pilleries qu’il lui avait mandé qu’ils faisaient, à quoi le priait donner le meilleur ordre qu’il pourrait et ne point faire faute assembler à son cri pour leur courre sus et si on en prenait quelqu’un deux il en userait comme il avait donné charge au porteur lui faire entendre, se rendant à Bellême.

Le dit capitaine de La Chaux se rendit avec sa troupe devant Domfront qu’il fit semblant d’assiéger, mais ayant appris l’arrivée du comte de Montgomery en ce lieu, et des troupes qu’il avait avec lui et dans les environs, le dit de la Chaux n’ayant pas suffisamment de monde pour cette entreprise, s’avança pour donner le temps à Monsieur de Matignon de le secourir, dans les environs de Buais, où les huguenots qui dominaient dans tout le pays étant accourus ils surprirent cette compagnie et ayant pris à discrétion le sieur de Coudehart qui en était lieutenant, et lui jurer lui sauver la vie ils l’attachèrent à un arbre et le tuèrent à coups d’arquebuse de sang froid, s’en retournant à Domfront avec leur dépouille, car beaucoup d’autres eurent le même sort. Monsieur de Matignon fut obligé de laisser le siège de Saint-Lô qu’il faisait pour venir réduire Domfront, à quoi réussit le 26 mai 1574. Le comte de Montgomery fut mené à Paris où il fut exécuté le 26 juin suivant. Le dit Montreuil continua à commander dans le pays de Domfront suivant la commission qu’il adressa le 26 mars 1575 à…de Saint-Bômer.[7]

Dans son essai sur Domfront, Caillebotte donne des détails sur les opérations :

Le capitaine La Chaux arriva devant cette place vers la mi-carême, et la bloqua du côté des portes de Notre-Dame et de Caen, il s’empara même des faubourgs ; mais comme il n’avait pas assez de troupes, il n’osa y passer la nuit. Peu de temps après, le capitaine Gui Chaumont trouva le moyen de renforcer ceux qui étaient en place ; alors la Chaux fut obligé de se retirer, ayant laissé sa compagnie sous les ordres de Coud’hart, son lieutenant ; elle fut totalement défaite par la garnison de Domfront ; Coud’hart fut dépouillé, attaché à un arbre et fusillé ; plusieurs de ses soldats furent massacrés de sang froid etc. La plume tombe de la main et refuse d’écrire les horreurs qui se commirent alors.[8]

Michel de Montreuil devint prévôt général du maréchal de Matignon. La lettre d’investiture signée de ce dernier date  du 15 (ou du 16 ?) juillet 1579. Elle indique que le maréchal de Matignon,

chargé par le roi de créer, choisir et nommer un prévost général pour l’exercice de la justice au sein des troupes sous ses ordres a choisi et nommé commis et dépputté à cette fonction Michel de Montreuil en la personne et dans les sens duquel il a plain confiance, ainsi qu’en ses sufizance, loyauté, intégrité, diligence, expérience et autres louables qualités ; pour, à sa suite, tenir et exercer la justice et faire la punition des vagabonds et autres malfaiteurs ; jouir et user du dit état avec ses lieutenants-greffier et archers, aux honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, franchises, libertez, gages, estat et solde y appartenant ; après qu’il aura prêté le serment requis et accoutumé.[9]

L’approbation du roi Henri III, donnée sous réserve de la prestation de serment, date du 28 septembre 1579. Elle contient l’ordre aux trésoriers des Finances et aux comptables du Trésor royal de payer les gages et droit du prévôt, de son lieutenant greffier et de leurs archers. Enfin un document du même jour constate qu’après information sur la vie, les mœurs et la religion de Michel de Montreuil, sur la vérification de ses compétences sur certains points de sa nouvelle charge et « sa profession de foy de vivre et mourir selon les constitutions de l’église catholique, apostolique et romaine », et compte tenu de sa prestation de serment, il est définitivement investi de ces fonctions.[10]

Michel de Montreuil est présent dans des montres faites à Condé-sur-Noireau le 8 avril 1580, Alençon le 12 mai 1581, quelques semaines plus tard à Paris. Il donne sa démission de prévôt le 16 avril 1584 au profit de Geoffroy Bordelay, [11] afin de prendre son commandement à Cherbourg.

 

Commandant des ville et château de Cherbourg

 

Cherbourg, une des rares villes normandes à ne pas être tombée aux mains des Ligueurs avec Dieppe et Caen, prendra au cours des années troublées de la fin du règne de Henri III et du début de celui de Henri IV une importance certaine en réunissant la juridiction du bailliage de Valognes et la recette des tailles de son élection, et en abritant de nombreux gentilshommes et gens de robe  jusqu’à ce que cette ville rentre en l’obéissance du roi.[12]

Le contexte des guerres de religion

 

La huitième Guerre de religion  débute en 1585, lorsque le duc de Guise, chef de la Ligue, revigoré par l’aide  de Philippe II, roi d’Espagne, prend le contrôle de nombreuses villes. Elle se termine en 1598 avec l’édit de Nantes, édit de tolérance envers les protestants qui conduit à la pacification. Entre-temps, Henri III assassiné en 1589 par un ligueur fanatique sera remplacé par Henri IV qui devra toutefois abjurer la religion protestante avant de pouvoir entrer dans Paris.

 

Ses fonctions

 

En 1584, le capitaine de La Chaux remplace Louis Dursus, seigneur de Lestre et de Hautmesnil, en poste une vingtaine d’années comme lieutenant du roi au château de Cherbourg, décédé depuis peu.[13] Il prit son commandement le 5 mai.[14] Il avait un lieutenant, Jacques Du Moncel en 1599, et il y avait deux gouverneurs élus pour la police.[15] Le château lorsqu’il en prit le commandement était dans un dénuement extrême : « ni poudre, ni munitions de guerre, ni victuailles », la ville et le château « avaient le plus grand besoin de réparations, [le capitaine de La Chaux] avait été contraint de faire travailler en beaucoup d’endroits à ses dépens, suivant qu’il en avait été fait inventaire et répertoire par M. de Longaunay. »[16] La garnison était elle-même fort réduite : une montre du 28 février 1585 fait état de vingt hommes de pied commandés par le capitaine de La Chaux. [17]

Cherbourg était […] une place de guerre, enceinte de murailles qui ne furent démantelées que [vers 1689]. La ville paraît avoir joui d’une autonomie à peu près complète, sous l’autorité du Gouverneur, à la faveur des privilèges qu’elle avait obtenus à diverses époques, en récompense de la fidélité et des loyaux services de ses habitants. Le commandant de la Ville et du Château, présent à toutes les assemblées et délibérations, ne devait pas seulement avoir un droit de contrôle, mais bien plutôt un pouvoir prépondérant, dans les affaires civiles comme dans les questions militaires.[18]

Les questions militaires comprenaient le commandement de la milice bourgeoise :

[…] le capitaine commandant de la garnison royale […] avait en outre à charge de surveiller, de passer en revue la milice bourgeoise. Sous les ordres de trois capitaines de quartier et d’un capitaine de milice, les bourgeois de la ville, en échange de leurs privilèges, étaient tenus à un service militaire. Ils devaient s’entraîner de telle sorte qu’ils soient toujours en mesure de répondre à la première alerte. Convoqués à des exercices qui se déroulaient, en temps de paix, sur la grève, ils s’initiaient au tir à l’arbalète et à la manœuvre. Ils étaient tenus de se présenter lorsqu’il y avait revue – on disait alors « montre » – par le capitaine du château.[19]

Les questions civiles étaient très variées. Ainsi le capitaine de La Chaux donne-t-il en 1592 à divers habitants de Cherbourg l’autorisation de construire des échoppes et boutiques contre les fossés du château  

afin d’empêcher à l’advenir qu’il ne se jette aucunes immondices sur les fossés d’entre icelle ville et chasteau où de tout temps les habitants de la ville avaient coustume de jetter leurs immondices et excrements qui tournent en pourriture et putréfaction, tellement que cela aportoit un grand prejudice et dommage aux habitants et un danger éminent de nourrir et engendrer plusieurs maladyes. [20]

De même il fieffe à certains bourgeois des terrains sis hors l’enclos de la ville pour y établir des « jardins à herbe »,  par contrats des 17 et 29 juin 1598, à charge par les intéressés de payer à M. de Montreuil ou aux capitaines, ses successeurs, un certain nombre de sols tournoi et de poules de rente.[21]

Le capitaine de La Chaux surveille les magistrats et se plaint de la lenteur des offices :

[…] On trouve aux registres de La Tournelle, à la date du 7 janvier 1592 : « une remontrance du procureur général, qu’il a reçue advertissement du sieur de la Chaux, lieutenant du capitaine pour le roi à Cherbourg, que les juges de la vicomté de Valognes exerçant à Cherbourg refusent de faire le procès des voleurs menés aux prisons du dit lieu. [22]

Il s’occupe aussi de questions religieuses : l’élection le 22 janvier 1599, dans l’église de Cherbourg, du prieur de l’Hôtel-Dieu se fait en sa présence comme commandant de la ville.[23]

            Récompensé par l’Ordre de Saint Michel

Henri III annonce à Michel de Montreuil l’envoi du collier de l’ordre de Saint Michel, par lettre adressée de Chartres le 28 mai 1588

disant que sur les vertus, vaillances et mérites du dit seigneur de La Chaux, avait été choisi et élu par l’assemblée des chevaliers et compagnons de Monsieur Saint Michel pour être associé à la dite compagnie, pour laquelle élection lui notifier et présenter de sa part le collier du dit ordre, s’il l’avait agréable, le priant de se rendre par devers lui à cet effet et être content d’accepter l’honneur que la compagnie lui voulait faire, qui serait de plus en plus augmenter l’affection et bonne volonté de sa majesté, ainsi que lui ferait plus amplement entendre Monsieur de Longaunay auquel il envoyait pouvoir à cet effet […][24]

Il ne recevra le collier que le 28 décembre 1588, des mains d’Hervé de Longaunay, un des lieutenants généraux en Normandie, après la messe célébrée en l’église de Nonant. [25]

Créé le 1er août 1469 par Louis XI, « l’Ordre et aimable compagnie de monsieur Saint-Michel » était dédié à l’archange Saint-Michel, saint patron du royaume de France. L’Ordre fut fondé « pour la très spéciale et singulière amour que nous avons au noble ordre et état de chevalerie, pour la défense de notre sainte mère l’église et la prospérité de la chose publique » ; mais surtout dans le but de contrecarrer l’influence du duc de Bourgogne, avec la distribution de sa Toison d’Or aux grands seigneurs du royaume.  

Le siège de l’Ordre fut tout d’abord fixé en l’abbaye du Mont-Saint-Michel, lieu hautement symbolique car ayant toujours résisté à l’envahisseur anglais. C’est de ce fait que l’Ordre tirait sa devise « Immensi tremor oceani » traduisible par « la crainte de l’immense océan ». L’Ordre de Saint-Michel se composait initialement de 36  « gentilshommes de nom et d’armes » dont 15 étaient désignés par le roi, Grand maître de l’Ordre, et le reste élu par les membres de l’Ordre.  [26]

 « La décoration consistait en un collier d’or, orné de coquilles d’argent, auquel pendait une médaille d’or à l’effigie de Saint Michel, […] »[27]

La Tour de l’Horloge

 

Une tour du château de Cherbourg, nommée Tour de l’Horloge, a été bâtie du temps du capitaine de La Chaux. La cloche qu’elle contient portait en effet l’inscription suivante : « L’an 1589 Monsieur de La Chaux capitaine et tous les bourgeois ont pris peine me faire bâtir tout de neuf et nommé Françoise par la dame épouse du dit capitaine. » La comtesse de La Chaux remarque que les termes de « bâtir tout de neuf » s’applique en effet à la tour et non à la cloche, sinon on aurait dit « fondre ».

Cette cloche servit de timbre à l’horloge du château depuis 1589 jusqu’en 1689, que les fortifications de Cherbourg furent démolies. Cette cloche pesait environ 600 livres, les armes de M. de La Chaux y étaient. Elle a servi depuis 1689 jusqu’en 1758 de cinquième cloche à l’église de Cherbourg, mais pour sauver les quatre autres cloches de cette église que les Anglais voulaient emporter lors de leur descente au mois d’août 1758, on fut obligé de leur donner celle-ci, qu’ils emportèrent en Angleterre.[28]

Nommé bailli d’épée du Cotentin

 

Le 18 mars 1592 Michel de Montreuil est nommé bailli d’épée du Cotentin. Le bailli était un « officier royal d’épée, au nom duquel la justice se rendait dans l’étendue d’un certain ressort, et qui avait droit de commander la noblesse de son district, lorsqu’elle était convoquée pour l’arrière-ban ».[29]

18 mai [sic] commission du roy au parlement transféré à Caen disant que son avènement au trône ayant gratifié de l’office de bailly de Cotentin, René Le Cesne sieur de Pontrilly fils unique de Richard Le Cesne, en considération des services que son père avait rendus aux rois ses prédécesseurs, mais n’étant en état d’en remplir l’exercice, le roy sachant les qualités requises à cet état être en la personne du sieur de la Chaux, commandant pour son service à Cherbourg pour satisfaire à la requete des parents du dit Le Cesne, il le commettait députait etc. pour en remplir les fonctions, jouir des prérogatives etc. En conséquence prêta serment à Caen le 28 avril 1592.[30]

D’Hozier mentionne cette nomination et précise qu’elle vaut « jusqu’à ce que René Le Cesne seigneur de Pontrilly eût atteint l’âge de majorité. » [31]

Richard Le Cesne avait succédé à cette fonction à Anne de Lévis, duc de Vantadour, lieutenant du roi en Languedoc. René Le Cesne, seigneur de Pontrilly et de Négreville (région de Valognes, Manche) ne devait entrer en fonctions qu’en 1620, peu avant la mort de Michel de Montreuil. Hervé de Montreuil, fils de Michel, lui succéda.[32]

 

La lutte contre la Ligue ;  François de la Cour, seigneur du Tourp

 

La ligue s’était répandue dans le Cotentin, « rempli de troupes qui faisaient révolter chaque canton de la Normandie »[33], François de Bourbon, duc de Montpensier, gouverneur et lieutenant général en Normandie, écrivit à Michel de Montreuil le 11 avril 1589, de Caen, pour lui demander des canonniers, « ayant été averti qu’il y avait à Cherbourg des matelots expérimentés. » Le 14 avril suivant, ordre du même au capitaine de La Chaux de lever une compagnie de cent arquebusiers à cheval pour tenir garnison dans la ville de Cherbourg. Et le 15 avril, ordre de faire « mettre en mer quelques bons navires bien armez et equipez à la rade du havre de Cherbourg pour empêcher les courses que les habitants de Rouen et autres lieux faisaient par mer. » [34] Michel de Montreuil armera à ses frais un

navire de quatre-vingts hommes d’équipage et de quatre-vingts tonneaux, le Phibot, commandé par le capitaine Coquet, qui tint la mer pendant six mois avec la barque L’Heureux de trente-cinq hommes sous les ordres du capitaine Mathieu […] [ces navires] ont facilité les voyages et le commerce des fidèles sujets du roi le long des côtes de Normandie de Bretagne et de Picardie et [se sont] opposés aux courses et pirateries que faisaient alors des navires équipés en guerre au Hâvre, Fécamp et autres lieux tenus par les ligueurs[…][35]

Le 3 mai suivant le duc de Montpensier envoie le sieur de Bertout pour faire mouler des canons et une couleuvrine de Cherbourg,  vérifier les munitions de guerre de Saint-Lô et voir si les barons de Flers et de Saint-Pois pourraient en fabriquer dans leurs forges. Le 21 juillet 1589, nouvelle lettre du duc de Montpensier en réponse à une lettre du capitaine de La Chaux relative à l’organisation du service et à la solde.

Le 7 août 1589, ayant appris la nouvelle de la mort d’Henri III, Michel de Montreuil réunit au Château « les gouverneurs, échevins et principaux bourgeois de la ville de Cherbourg et plusieurs notables gentilshommes qui s’étaient retirés en la dite ville » dont il s’assure de la fidélité envers le roi et de leur obéissance à son commandement. Il indique au Conseil du roi établi à Caen « qu’il aurait reçu beaucoup de contentement des bourgeois de Cherbourg qui se seraient déclarés fidèles serviteurs et sujets de Henri IV »[36]. Les bourgeois se plaignent toutefois de l’absence de paiement de la solde de la garnison depuis quinze mois et du dénuement dans lequel ils se trouvent pour avoir « à grands frais commencé depuis six ans  de grandes levées pour approfondir le cours de la rivière de la dite ville pour bonifier le havre d’icelle ».[37] Le 24 août suivant on « procéda à l’élection des quatre capitaines de quartier de la milice bourgeoise lesquels furent Jean Groult, sieur de la Croix, Gautier Scelles sieur de la Chainée, Jean Cossin et Pierre Troulde.[38] Le roi Henri IV ordonne le 18 octobre 1589 au dit de La Chaux de lever et mettre sus au moins cent arquebusiers à cheval pour se tenir à la disposition du duc de

Montpensier ; le même jour il lui écrit du camp de Dieppe selon la relation qu’en fait la comtesse de La Chaux :

J’ai ordonné que votre commission soit expédiée, ayant renvoyé sa requête au duc de Montpensier pour ce qui regardait le vaisseau, etc, continuez à me bien servir comme vous avez fait jusqu’à présent, et vous assurez que je reconnoitrai vos services. J’envoie le comte de Thorigny et mon cousin le duc de Montpensier, avec de grandes et bonnes forces, pour reprendre mes villes rebelles, et chatier ceux qui ne se rangeront à leur devoir, assistez les de tout votre pouvoir, comme étant le service le plus agréable.[39]

Le capitaine de La Chaux obtient le 2 janvier 1590 une attestation de Jacques du Moncel, sieur de Martinvast, lieutenant en l’Amirauté de France pour le siège de Cherbourg, et de Gratien Dancel, sieur des Flottes, « procureur du roi et de monseigneur l’amiral au dit siège, » selon laquelle il a

entretenu à ses dépens durant six mois un navire et une barque pour faciliter le commerce et les voyages des bons sujets du roy sur les costes de Normandie, Picardie et Bretagne, sur lequel navire étaient embarquez quatre-vingt hommes de guerre commandez par le capitaine Caquet, avec breteuils, berches, mousquets, poudre, balles et autres munitions de guerre, et avitaillé de vivres et commodités nécessaires  etc., lequel navire était accompagné d’une barque du port de 30 tonneaux, dans laquelle étaient 35 hommes…également munis de toutes provisions pour 6 mois, pendant lesquels s’étaient opposés aux courses, etc. des navires du Havre de Grace, Fescamp etc.[40]

Une revue de la compagnie d’arquebusiers de Michel de Montreuil, sa personne et celle de son lieutenant, Arnaud sieur de Mornac et de son porte cornette Fauvel, sieur des Marest comprises[41],  est faite sur la grève de Cherbourg le 8 janvier 1590 par Jean Le Verrier sieur de Turqueville et Thomas Vaultier sieur de Rondemare. A cette époque les habitants de Barfleur demandent que le capitaine de La Chaux commande aussi au dit Barfleur « attendu qu’ils le connaissaient très bon et fidèle

serviteur du roy, fort homme de bien, sage et vaillant capitaine ». Le résultat de leur requête n’est pas connu.

Le 17 février 1590, le roi réclame l’arrestation d’un nommé La Géronière surnommé Le Fevre et son transfert pour jugement à Caen, où se tenait le parlement en attendant que Rouen reconnaisse le nouveau roi. Il demande aussi au parlement d’adjuger à M. de la Chaux pour qu’il n’en perde pas la rançon telle somme sur les biens de cet homme qu’il jugera raisonnable. [42]

Le roi remercie La Chaux par une lettre du 26 février 1590, l’assurant qu’il saura reconnaître ses services. Il lui écrit de nouveau le 30 mars suivant, après avoir reçu un courrier élogieux pour lui de Canisy, le remerciant encore et lui recommandant de bien conserver sa ville de Cherbourg. Le 31 avril, le comte de Thorigny, depuis son camp de Valognes, le prie de convoquer toute la noblesse et le peuple pour « réprimer les pillages et exactions des ennemis » et faire en sorte que le roi soit obéi.[43]

Cependant les ligueurs, dont l’agitation dans le Cotentin avait débuté deux ans plus tôt, étaient en 1590 maîtres de Valognes et de Saint-Sauveur-le-Vicomte. [44] Hervé de Carbonnel, seigneur de Canisy, gendre de Matignon, lieutenant général pour le roi en Basse-Normandie, chargé de réduire à l’obéissance le pays du Cotentin, défait, à son arrivée à Valognes en compagnie de nombreux gentilshommes et capitaines,  les troupes de du Tourp. Les rares survivants sont faits prisonniers avec leurs chefs. Les habitants du Val de Saire dépêchent alors des députés à Canisy pour

demander pardon de leur désobéissance, protestant être à l’avenir très humbles                  serviteurs du roy, paier les tailles, etc., désirant donner des preuves de leur changement de conduite. Le dit seigneur de Canisy  […] députa le dit seigneur de La Chaux pour recevoir les actes de leur réduction et obéissance […] [45]

Cette soumission fut rendue au château de Théville.

Il fut proposé que le roi pardonnerait et ferait au besoin expédier des lettres de pardon aux habitants du Val de Cère ; que ceux-ci déposeraient les armes en tel lieu qu’il serait ordonné ; qu’ils payeraient les tailles à partir de l’année précédente et une contribution de guerre, et que chaque paroisse enverrait à Cherbourg deux notables pour otages jusqu’à l’exécution des conventions. Celles-ci furent signées en cette ville le 26 février 1590 […][46]

Le 1er mai 1590, Michel de Montreuil remontre au bailli du Cotentin Richard Le Cesne et à d’autres personnes qu’en prévision des événements survenus depuis deux

ans dans le pays, il a fait construire un corps de logis sur la première porte de la ville pour y placer des sentinelles, une grille en herse, « fait faire un grand nombre de réparations aux couvertures du dit château ruinées plusieurs fois par l’impétuosité des vents » et assuré l’équipement « des canons et artillerie de la dite ville et château, dont n’ayant été payé, requiert que procès verbal en fut dressé par eux, les ouvriers entendus etc.» Le lendemain les ouvriers firent le compte des travaux exécutés aux frais du seigneur de La Chaux et montrèrent les balles qu’il avait fait venir d’Angleterre sur les ordres du duc de Montpensier. Le 16 mai ce dernier lui demande « de faire aider aux levées par lui ordonnées de prisonniers, de chevaux et munitions en l’élection de Valognes » et s’informe de ses dépenses « pour l’entretien de sa garnison et autres troupes ». [47]

Deux officiers de la vicomté de Valognes réfugiés à Cherbourg depuis dix-huit mois à cause de la rébellion des habitants du « bourg de Vallongnes » attestent le 15 juin 1590 avoir vu

le sieur de La Chaux assisté et accompagné  de bon nombre de gens de guerre par lui entretenus, lesquels ont servi pour la conservation de la ville et du château, et fait des sorties de la ville pour courir sus aux ennemis de S.M. les habitants de la Hague qui depuis ne se sont plus élevés, ayant satisfait au payement de leurs tailles et subsides…et oultre employé les dits gens de guerre devant les châteaux de Vallongnes Saint Sauveur le Vicomte et Neuilly détenus par les rebelles.[48]

Les troubles liés à l’instabilité politique sont mis à profit par des bandes de pilleurs. Ils  mettent le pays en coupe sombre. Dans le Val de Saire ils sont conduits par le ligueur François de La Cour, appelé du Tourp, du nom d’un petit château fortifié qu’il habitait à Anneville-en-Saire[49] [50], et par son fils du même nom. Tous deux sont à la solde du duc de Mayenne dont  une commission du 29 décembre 1593 nomme le sieur du Tourp (donc François le fils) « maréchal de camp du régiment de huit compagnies de gens de pied franches de cent hommes chacune et capitaine particulier de l’une d’icelles ».[51]

Leurs agissements apparaissent clairement dans les

certificats de M. de La Chaux, commandant de Cherbourg (6 octobre 1591) et de Jean Leverrier, lieutenant du bailli de Cotentin à Valognes, (14 octobre 1591) attestant que Charles Brucan, écuier, de la paroisse de Digosville près Cherbourg, s’est toujours tenu sous l’obéissance et service du roi et que « en indignation de ce », les ligueurs conduits par les seigneurs de Vicques et Le Tourp, ont rompu les huys et fenestres de sa maison de Digosville, brisé et emporté, de ses meubles et escriptures, tout ce que bon leur a semblé. » [52]

Un autre document signé de cinquante personnes atteste l’incendie et le pillage de la maison de Thomas Quentin, au Mesnil au Val en 1592, par les soldats du capitaine du Tourp sur les ordres du duc de Mayenne.[53]

Le duc de Montpensier demande à M. de La Chaux le 5 octobre 1590 de se joindre avec

le plus de troupes possibles aux sieurs de Sainte Marie et de Haye Réville pour détruire les fortifications que le nommé le Tourp faisait faire à sa maison, où faisait travailler le pauvre peuple qu’il empêchait de paier les tailles […] usant de toute la diligence possible pour ne lui pas donner le temps d’achever cette entreprise qui deviendrait de grande conséquence pour l’avenir.[54]

Le château du Tourp, assiégé par Sainte Marie, La Chaux, La Haye-Réville et leurs troupes, est délivré le 9 octobre 1590.[55]

Le duc de Montpensier se rendit à Cherbourg le 28 octobre 1590 pour examiner les requêtes du sieur de La Chaux, demandant que Cherbourg fût pourvu de vivres et de munitions et qu’il fût payé des avances faites pour les réparations du donjon, du château et de la ville, à concurrence de 716 écus. Le même jour les états de la vicomté de Valognes requièrent l’établissement d’une garnison à Barfleur pour réprimer les rebelles maîtres des châteaux de Valognes, Saint-Sauveur-le-Vicomte et autres. Ce à quoi le duc de Montpensier répond par l’ordre de détruire toutes les maisons et fortifications non soumises au parti du roi.

Le roi témoigne de nouveau sa satisfaction à Michel de Montreuil le 31 octobre 1590 « ayant entendu le bon devoir du dit de La Chaux en faisant la guerre à ses ennemis ». [56]

Vers la fin de l’année 1590, Michel de Montreuil, à la demande du duc de Montpensier,

arma en guerre quatre barques appartenant aux capitaines Troulde, Groult de Lafontaine et Gardin, équipées de cent vingt matelots, pour porter deux canons et deux couleuvrines avec leurs affûts et munitions devant le château de Milly que le sr de Dompierre occupait pour la ligue et qui fut réduit après l’arrivée de l’artillerie de Cherbourg. Cette expédition dura vingt jours d’après ce que nous voyons des mémoires de notre ancien commandant qui avait avancé 510 écus pour le fret aller et retour. On y voit encore qu’il avait également avancé 350 écus pour faire conduire de Cherbourg de l’artillerie et des munitions devant les châteaux de Valognes et de Saint Sauveur ; dans ces temps là les finances du roi étaient très épuisées ; […]  un certificat du 30 juin délivré par Maheult commis à la recette des tailles de l’élection de Valognes, transportée à Cherbourg, porte qu’il n’a été rien payé au seigneur de La Chaux depuis dix-huit mois pour sa compagnie d’arquebusisers.[57]

Ce transport de canons par le capitaine de La Chaux avait suscité une nombreuse correspondance du duc de Montpensier, en novembre 1590. Dans la dernière lettre, du 22 novembre, il l’invitait à venir le trouver à Coutances

par le désir qu’il avait de le voir et employer aux affaires concernant le service du roy monseigneur, que pour la capacité et expérience que vous avez au fait des armes, et l’amitié particulière que je vous porte et de laquelle vous ferez état comme vous étant bien acquise.[58] 

François de Bourbon, duc de Montpensier, envoie de Coutances le 24 novembre 1590 une lettre invitant

les nobles de la vicomté de Vallongnes à se tenir prêts à seconder M. de La Chaux, commandant de Cherbourg, pour protéger, le long des côtes, une barque qui doit prendre au port de Cherbourg des canons destinés à la batterie d’Avranches et que l’on craint d’être attaquée en route par des vaisseaux que l’on sait sortis du Havre à cet effet.[59]

Le 7 décembre, autre lettre du duc, satisfait du maintien de La Chaux à Cherbourg « vu les avis qu’il avait reçus des entreprises qui se devaient faire sur cette ville pendant son absence. » [60]

Le difficile recouvrement des impôts du fait de la poursuite des troubles suscite des demandes d’assistance. Un receveur des tailles du nom de Maheut s’adresse au capitaine de La Chaux pour lui demander 20 ou 30 soldats, ce qu’il refuse, disant « que c’est s’adresser ouvertement à la noblesse, de laquelle il ne veut être l’ennemi »[61]

Dans une nouvelle lettre à Michel de Montreuil relative au recouvrement des tailles, du 27 janvier 1591, le roi écrit « s’il connaissait quelque gentilhomme qui les empêchât sous main, voulait qu’il se saisît d’eux et les traitât comme de bonne prise. » Le roi remercie La Chaux le 26 mars suivant pour la conservation de Cherbourg.

Le capitaine de La Chaux avait dirigé l’artillerie en provenance de Cherbourg dans le siège de Valognes. Il entre victorieusement dans la ville le 13 juin 1591 avec Matignon. Mais il avait rencontré de grandes difficultés dans sa mission de destruction des fortifications de du Tourp, réduit le 11 juin après quinze jours de siège. Il s’en ouvre au comte de Thorigny dans une requête du 14 juin 1591.[62] Un certain nombre de  

gentilshommes avaient autant négligé les ordres du dit comte de Thorigny que les avis et semonces du suppliant, spécialement les sieurs des Marets, Héauville, Chanteloup, de Vatteville, de Beaumont et La Valette son frère et autres, tellement que par faute de leur assistance à la conduite des dites munitions elles avaient été prises par les ennemis, affaire où le dit Montreuil et les gentilshommes qui l’accompagnaient s’étaient trouvés en si grand péril de leur vie que quelques uns y avaient été tués et leurs équipages, armes et chevaux avaient été perdus, et pris par les ennemis faute de secours.

Michel de Montreuil tient en particulier pour responsable le sieur de Beaumont et son frère ; ils se sont bien présentés au chemin de Gonneville comme ils s’y étaient engagés, mais à pied et sans équipage, et il les pense avoir eu connaissance de l’embuscade de Gonneville. Il réclame de ce fait qu’ils soient tenus de répondre des frais de munitions. Le 30 novembre 1591, « M. de La Chaux Montreuil, chevalier de l’ordre du roi, capitaine de cent arquebusiers et de quarante-cinq morte-paye[63] de ses greves, commandant de Cherbourg »  achète « à Jean de Tourlaville, maistre des eaux et forests au bailliage de Cotentin, la moitié d’un navire de prise ennemie échoué sur les grèves de Tourlaville pour le prix de 50 écus or sol »[64]

A la suite de sa nomination à la fonction de bailli du Cotentin, Michel de Montreuil tint une assemblée à Valognes le 20 juin 1592 pour aviser aux moyens de délivrer le bailliage de la rébellion toujours non réduite. Décision est prise d’envoyer des garnisons

ceux qui seraient incapables par age ou infirmité de servir entretiendraient suivant leurs moiens et role qui en serait fait, le nombre d’hommes sufisant pour défendre les endroits nécessaires, pourquoi fut dressé un role des nobles et noblement tenants demeurans en leur maison et trouvez aisez de faire prêt de dix huit cent trente cinq écus qu’il était besoin avoir pour les dites affaires et l’entretien de 30 hommes armez et montez, lesquels seraient levez de la noblesse en forme d’arrière-ban, sous la charge de M. de la Chaux, auquel la conduite du dit arrière-ban apartenait.[65]

Michel de Montreuil reçoit le 5 décembre 1592 ordonnance du comte de Thorigny de faire la revue de la compagnie de la vicomté de Carentan dont le capitaine de la Chesnaye avait la charge. « L’état des appointements de la dite compagnie est de 50 écus pour le capitaine, 25 pour le lieutenant, pour 60 arquebusiers à raison de 5 écus par mois, 3 écus à un sergent 10 écus, somme toute 385 écus, signé Odet de Matignon. »[66]

Des personnes extorquaient de l’argent aux habitants de Valognes. Une nouvelle ordonnance d’Odet de Matignon le lendemain enjoint Michel de Montreuil de s’en saisir. Le 10 décembre suivant, une autre ordonnance de Matignon approuve ce que « le dit Montreuil jugerait à propos de faire pour le service du roy dans l’élection de Valognes. » Le dit Montreuil mettra ces pleins pouvoirs à profit. François de La Court, sieur du Tourp, finira par être vaincu. Sans entrer dans la discussion des historiens sur la date de sa mort, signalons d’emblée que l’hypothèse d’Avoyne de Chantereyne [67] distinguant la mort de du Tourp de la conspiration pour la prise de Cherbourg par les ligueurs du dimanche des Rameaux nous semble assurée. Elle s’accorde en effet avec les documents authentiques de l’histoire de Cherbourg et met un terme à la confusion entre le père François de La Court, seigneur du Tourp, et son fils aîné, qui portait le même prénom et  combattit à ses côtés. Estaintot date  la mort de François de La Cour, sieur du Tourp, du 22 décembre 1592 :

Bloqué lui-même pendant 10 mois par Canisy, Thorigny et la Chaux,  [Du Tourps]   fut, enfin, le 22 décembre [1592] exterminé avec sa bande à Gonneville *

* Arch . dép. de la Seine Inférieure B14 p. 312 V. Vérification de la chambre des comptes le 11 décembre 1595 des lettres patentes données à Mantes en janvier 1593 accordant au sieur de la Chaux bailly du Cotentin commandant pour le roi à Cherbourg, la confiscation des biens de du Tourps, mort criminel de lèse-majesté.[68]

D’après le registre de Maistre Guillaume Le Tort, curé de Réville[69], « François de La Cour, sieur du Tourp, fut tué l’antiveille de Noël 1592, à la Pernelle, et son corps emporté à Cherbourg et salé, mis sur la roue, et sa teste sur les portes de Cherbourg. » [70] L’abbé Demons confirme ce fait.[71] Les lettres patentes de février 1597[72] accordant le retour en grâces de Louis de La Cour, fils et frère de François de La Cour, indiquent que son père avait été trouvé les armes à la main en 1593. Nous pensons comme Edouard Avoyne de Chantereyne[73] qu’il s’agit d’une erreur de rédacteur.

Ceci est compatible avec les  lettres patentes du mois de janvier 1593 accordant à La Chaux les biens confisqués à du Tourp, mort criminel de lèse-majesté, [74] et avec une lettre du 18 février 1593 « de M. de Canisy envoïant à M. de la Chaux son compère force commission pour le maintien de l’établissement qui avait été cause de la ruine du Tourp […] aller ensuite secourir le dit seigneur de Canisy s’il était attaqué […] »[75]

Michel de Montreuil ne put profiter des biens confisqués à du Tourp : le roi dans une lettre de Blois du 26 mars 1593 se dit « bien marry que la confiscation qu’il avait donnée à M. de La Chaux du bien du Tourp se trouvât tant chargée de dettes qu’il n’en put espérer de commodités ». Mais de plus un procès s’ouvrit avec Antoinette de La Chambre, veuve de François de La Cour père. Elle réclamait son douaire, le 8 août 1595, [76] et, devant la confirmation de la validité de la donation à Michel de Montreuil, demandait communication des pièces par l’intermédiaire de son avocat et tuteur naturel de son fils, Louis de La Cour, le 8 février 1596.[77] Une nouvelle complication intervint avec une demande de retrait de la duchesse de Joyeuse examinée ainsi de nouveau que celle d’Anne de La Chambre le 14 mai 1596

Marguerite de Lorraine, veuve de haut et puissant seigneur Anne de Joyeuse gouverneur et lieutenant général pour le roi en Normandie, dame et duchesse d’Alençon en Cotentin[78], à droit d’engagiste à faculté de rachat à perpétuité […] contredisant et empeschant l’effet de la donation prétendue au Sr de La Chaux, pour laquelle disait la confiscation des dits de La Cour être réunie au corps de ladite duché d’Alençon en Cotentin comme relevant d’icelle […]

Le sieur de La Chaux obtint néanmoins gain de cause car la confiscation, résultant d’un crime de lèse majesté, ne pouvait être acquise qu’au roi. Mais cette donation fut annulée en faveur de Louis de La Cour, fils et frère des seigneurs du Tourp François de La Cour. Par lettres patentes datant de février 1597 visées au parlement le 14 août suivant, le roi rétablissait Louis de La Cour dans tous ses droits et ordonnait la restitution  des corps et têtes de ses père et frère pour les inhumer en terre sainte. [79] La donation de cinq mille écus dont Michel de Montreuil bénéficia en 1596 [80] est probablement une compensation.

           

 

 

La conspiration des ligueurs contre Cherbourg : la procession du dimanche          des Rameaux

 

Une conspiration visant la prise de Cherbourg par les ligueurs pendant la procession du dimanche des Rameaux fut

conduite par le seigneur de Saussemenil, son fils aîné de même nom, son second appelé le Crurat, et le plus jeune nommé Monthuchon, le seigneur d’Octeville et de Sainte Croix, Jean de Golleville batard de Saussemenil, Balthasard de Belleville sieur de Belleville, le laquais du dit seigneur d’Octeville, beaucoup d’autres [81]dont partie étaient de la garnison du Pont Douve furent vus au bois le vendredi au soir et retourner le samedi au soir, et le dimanche des Rameaux devaient à l’aide des intelligences[82] qu’ils avaient dans Cherbourg surprendre cette place, dont le dit Montreuil ayant été averti par une personne qui au travers d’un buisson avait entendu ce complot, fit si bonne défense que partie de ces traitres furent pris, et leur procès fait, on mit leurs têtes sur une des portes de Cherbourg, et en mémoire de ce fait, on faisait tous les ans depuis cela le jour des Rameaux une procession nommée de La Chaux, elle se faisait encore en 1647.[83]

Chantereyne ajoute que la vieille femme faisait des fagots dans la forêt de Saumaret, à Tourlaville ; elle avait surpris la conversation des soldats s’entretenant sur l’expédition projetée pour le lendemain. Surprise, elle échappa à la mort en simulant la surdité et en demandant aux soldats de l’aider à charger son bois.[84] A l’encontre de la comtesse de La Chaux, Chantereyne place du Tourp à leur tête, et précise qu’il fut tué.  

On se mit en mesure  de fondre sur les rebelles au moment où ils se présenteraient à l’heure de la procession. Aussi leur défaite fut entière et sur le nombre de six cents qu’ils étaient la plus grande partie resta sur la place ou fut faite prisonnière ; on les poursuivit jusqu’à Théville au Val de Cère ; du Tourp leur chef fut tué dans la mêlée.[85]

Chantereyne confond peut-être le père et le fils, tous deux du nom de François de la Cour, et les deux actions, celle de fin 1592 et celle du dimanche des Rameaux 1593. François de La Cour, le fils, prit Tatihou [86] dans la nuit du 21 décembre 1594, mais dut capituler le 18 janvier 1595 et fut finalement emprisonné, jugé le 6 mai suivant, enfin exécuté, son corps subissant le même traitement que celui de son père.[87]  Edouard Avoyne de Chantereyne a vu l’erreur de son aïeul.[88] Il précise que les mémoires de M. de La Chaux indiquent les noms des quatre plus coupables, enfermés dans les tours du château et condamnés à être décollés sur la place d’armes, leurs corps exposés sur les grands chemins et leurs têtes placées sur les portes de la ville : Georges Pinel dit le Fréguéré, Philippe Lefranc dit le Maresc, Toussaint Michel dit la Rozière, et Grisset, soldat. Elles s’y trouvaient encore en 1647 d’après une enquête de la Chambre des comptes de Paris. « Nous avons de plus appris par d’anciens bourgeois qu’ils avaient eux-mêmes vu les têtes sur la porte avant les démolitions de 1689. »[89] Tous les ans, la veille du dimanche des Rameaux, on faisait autour de la ville une procession en actions de grâce appelée d’abord procession de La Chaux, puis procession de la bonne femme (cette femme s’appelait Besboué et était de Tourlaville). [90]

Chantereyne date  cette  tentative de prise de Cherbourg du 11 avril 1593, « pendant la procession du Dimanche des Rameaux ». Les historiens qui lui ont succédé ont donné d’autres dates. Pourtant, on connaît, du 26 avril 1593, une

lettre du roi datée de Mantes sur ce que le comte de Thorigny lui avait fait entendre ce qui s’était passé à Cherbourg et n’avait oublié la louange que méritait le dit seigneur de la Chaux, de la diligence et soin qu’il avait apporté à découvrir et remédier au mal prêt à éclore sur la dite place, si ceux qui en faisaient la trame n’eussent été découverts et prévenus par le bon ordre qu’il y avait seu donner, dont ce prince avait grand contentement, et aussi avait écrit en sa recommandation, afin de le gratifier de la confiscation qu’ y pourrait échoir, lui mandant ce que le roy désirait en cela avant d’en disposer et pouvait être assuré qu’il n’y aurait si bonne part qu’il connoitrait la bonne considération en laquelle avait ses services.[91]

Cette lettre a dû être écrite peu de temps après l’action d’éclat du sieur de La Chaux, que l’on peut donc dater sans doute du dimanche des Rameaux 1593, c’est-à-dire le 11 avril comme l’écrit Chantereyne.[92] En revanche, François de La Cour fils a pu mener cette conspiration, ce que toutefois la comtesse de La Chaux n’indique pas, alors qu’elle a eu en mains les mémoires de Michel de Montreuil, mais il n’y a pas laissé sa vie à l’encontre de ce qu’ont avancé plusieurs historiens.

 Les dernières années militaires de Michel de Montreuil

 

Le 25 juillet 1593, le roi écrit à son commandant à Cherbourg lui annonçant sa conversion et son sacre prochain. Il lui reccommande d’en faire « rendre grâces à Dieu par processions publiques », et de se tenir prêt pour son service selon le résultat des discussions concernant la trêve projetée. Le 24 octobre suivant, le roi annonce au capitaine de La Chaux la prolongation de la trêve jusqu’à la fin novembre. Mais compte tenu des levées d’hommes et d’armes de ses ennemeis en Espagne, Italie et Pays-Bas, il lui recommande de « faire toujours bonne garde, et qu’à cet effet les compagnies de sa garnison de gens de cheval et de pied fussent complètes pour ôter aux ennemis les moyens d’entreprendre sur ce qui dépendait de sa charge. »[93]

Le 24 mars 1596, le duc de Montpensier recommande à La Chaux un de ses prisonniers, nommé Saint-Etienne, de Fougères, et s’informe de la rançon que l’on pourra demander. Il lui commande aussi une liste des gentilshommes de chaque vicomté de son bailliage capables de porter les armes. Ce prisonnier sera l’objet d’une autre lettre du 6 avril, et d’une encore du 29 mai : le duc de Montpensier envoie un archer du grand provôt chercher le prisonnier, chevau-léger de la compagnie du sieur de Belle Isle, car plusieurs gentilshommes répondent de sa rançon. [94] Mais une fois libéré, le dénommé Cresnay, dit Saint Etienne, avait poursuivi ses cruautés, justifiant la demande de La Chaux qu’on le lui remette de nouveau ; il obtint une ordonnance du sieur de Surenne dans ce sens. Le 28 décembre 1596 le roi écrit à M. de La Chaux pour que l’on veille à ce que la rébellion de Bretagne conduite par le duc de Mercoeur ne s’étende pas en Normandie.

Le maréchal de Matignon aurait voulu mettre fin aux responsabilités du capitaine de La Chaux à Cherbourg à la suite d’une dispute avec lui. Une lettre du roi à Canisy du 21 mai 1597 évoque « ce qui s’est passé entre le sieur comte de Thorigny et de La Chaux. »[95] Cette lettre est antérieure de deux mois à la mort du maréchal ; il s’agit peut-être de son fils qui voulait mettre en place son parent Jacques Goyon, seigneur de la Meltière. Michel de Montreuil s’en était ouvert au roi. Henri IV l’informe le 22 mai 1597 [96]qu’il le maintient dans ses fonctions.

L’approvisionnement de la ville était toujours un souci pour le capitaine de La Chaux, qui

donna l’ordre le 31 mai à l’un des capitaines de la milice bourgeoise d’arrêter un navire chargé de bled à la rade du Galley, et quoique ce grain fût destiné pour Caen, il fut débarqué à Cherbourg où l’on avait besoin de vivres, et la valeur en fut payée au propriétaire.[97]

8 mars 1598  le duc de Montpensier demande à La Chaux d’empêcher par la force les incursions et pillages commis par le seigneur Boniface avec son régiment, maintenu en Normandie alors qu’il avait reçu l’ordre de le conduire en Anjou.

Toutefois la paix commençait à s’instaurer dans le pays, et le roi donna ordre de réduire les garnisons pour soulager ses sujets. Le duc de Montpensier informe La Chaux en juillet 1598 que la garnison de Cherbourg sera réduite à 40 hommes.

Il est probable qu’à partir de ce moment Michel de Montreuil a dû prendre du recul : le maréchal de Matignon était mort en juillet 1597, laissant le pouvoir en Cotentin à son fils Charles (1564-1648). Celui-ci  prit possession du gouvernement de Cherbourg le 1er août 1599. Le 16 janvier 1601, il écrivait à l’un des échevins de la ville, Thomas Groult, sieur des Croix, « pour, en exécution d’ordres du roi, faire faire bonne garde aux portes de Cherbourg et tenir la place en sûreté. » [98] Chantereyne en déduit, sans doute à juste titre, que le capitaine de La Chaux ne servait plus à Cherbourg à cette époque là. Dès avant la nomination de Charles de Matignon, le 3 juillet 1599, il était procédé à un inventaire des munitions de guerre et ustensiles du château, du donjon et des remparts de Cherbourg par le tabellion de Cherbourg en présence de Matignon et d’un certain nombre de personnalités, mais en l’absence peut-être significative de La Chaux. On relève des objets lui appartenant,  « dans la chambre où M. de La Chaux faisait sa résidence six cuirasses complètes, fournies de casques, brassards et cuissarts et un casque moyen et cinq autres cuirasses avec leurs salades [99] […] » [100] Le roi ordonne de lui payer  53 écus le 23 décembre 1599, « pour son état de capitaine de 40 hommes à la revue desquels il n’avait  pu comparaître, étant employé ailleurs pour le service du roi » [101] La Chaux avait dû quitter Cherbourg, on ne sait pour quelle destination, sans quitter le service du roi car, en vertu de l’ordonnance des trésoriers du 23 juin 1599, signifiée au nom de messire Michel de Montreuil Sr de La Chaux, baron de Tollevast, chevalier de l’ordre du roi, il réclame le 30 mars 1601 ses appointements et ceux de ses officiers. Et par une lettre probablement postérieure au 30 mars et antérieure au 27 septembre 1601, La Chaux accuse réception des harnais reçus de M. de Meltière (Jacques Goyon) et réclame à Matignon d’ordonner qu’on lui rende le reste de ses affaires, dont des ustensiles de guerre pour « les porter dans la maison que Dieu lui avait donnée, pour empêcher les attentats des ennemis qu’il s’était fait en faisant le service du roi »

Les rémunérations du capitaine de La Chaux

 

La solde personnelle de lieutenant du maréchal de Matignon, comme capitaine et gouverneur de Cherbourg du 1er janvier 1592 au 4 mai de la même année, a été de 10 écus sol par mois, soit 40 écus sol dont le capitaine de La Chaux donne quittance.[102] Il avait  reçu  auparavant un

don de quatre mille escus […comme] gouverneur de Cherbourg, à prendre sur les biens des rebelles, à la charge d’acquitter le Roy de pareille somme, pour la solde de cens harquebusiers à cheval, entretenus pour le service de sa majesté durant les mois de may, juin, juillet, aoust, septembre, octobre 1589, et mille écus pour la rançon du sieur de Héronnière.[103]

En 1593, il reçoit un autre don de quatre mille écus « à prendre sur les biens des rebelles pour la récompense de ses services et rembourser les avances […]. » [104] Il s’agit probablement « des lettres patentes données à Mantes en janvier 1593 accordant au sieur de la Chaux bailly du Cotentin commandant pour le roi à Cherbourg, la confiscation des biens de du Tourps, mort criminel de lèse-majesté. »[105] Cependant une lettre du roi du 31 janvier 1594 montre que cette somme n’avait toujours pas été payée

[…] notre aimé et féal le sieur de La Chaux commandant pour notre service en notre ville et château de Cherbourg nous a fait remontrer que pour aucunement le récompenser de la despense par lui faicte pour notre service tant à l’entretenement d’une compagnie de cent harquebusiers à cheval que en l’armement et équipage de deux navires par lui tenus en mer durant six mois pour notre service, afin de s’opposer aux courses et pirateries que faisoient nos ennemys rebelles en la coste de Normandie, et même pour la somme de mille escus pour la rançon du cappne La Herronnière […] pour le payement de la dite somme [de quatre mille écus] il aurait plusieurs fruits et dépenses sans en avoir peu recevoir aucune chose […] [106]

Le 23 novembre 1594, ordre est donné « de payer à M. de La Chaux la somme de 1000 écus dont le roi lui faisait don, sans lui retenir aucune chose pour le cinquième denier destiné aux affaires de l’ordre du Saint Esprit. »[107]

Le 27 mars 1595, le roi, pour reconnaître les « fidèles et reccommandables services » des sieurs barons de Termes et de La Chaux leur fit don des biens meubles et immeubles appartenant à Antoine de La Luthumière, « prévenu et condamné pour avoir assisté et recélé plusieurs voleurs au pays de Normandie. »

En 1596 « le sieur Delachaux, gouverneur de Cherbourg » obtient des lettres patentes « pour être payé de cinq mille cens écus à lui deus sur les deniers des oultrepasses et surmesures en la généralité de Caen […] ».[108]

Ces rémunérations ne peuvent être appréciées tant il est difficile d’évaluer « le pouvoir d’achat » de telles sommes à cette époque, et aussi parce que les informations sur les rémunérations dont Michel de Montreuil a bénéficié sont partielles. Notons toutefois qu’au début du XVIIe siècle, libéré de ses obligations militaires, Michel de Montreuil construit des bâtiments importants dans son château de Vaugeois.

Le 23 décembre 1599, le roi ordonne de lui payer 53 écus pour son service de capitaine de 40 hommes pendant un mois et demi. Le 30 mars 1601, La Chaux réclame ses appointements et ceux de ses officiers selon l’ordonnance du 23 juin 1599 comme on l’a vu.

Le 27 septembre 1601, ordonnance de lui payer 4000 écus pour récompense de ses services, somme que le roi lui avait donnée le 27 mars 1595 « à prendre sur les deniers provenant de la vente des meubles et sur les fermiers des immeubles des ligues de la généralité de Caen » et qu’il « avait seulement reçu à grands frais mille cinquante écus 40 sols, à savoir du Sr baron de la Luthumière  deux cent deux écus, et de l’abbé de Montebourg huit cents écus ». Cette ordonnance fut suivie d’une autre exigeant le paiement sans délai de 4060 écus « afin qu’il n’eut plus occasion de retourner à plainte devers S. M. »[109]

Commandant des ville et château de Saint-Sauveur-le-Vicomte

 

Alors que depuis déjà quelques années Michel de Montreuil n’exerce plus de commandement à Cherbourg, il reçoit les « provisions de l’état et office de capitaine des ville et château de Saint Sauveur le Vicomte vacant par la mort du Seigneur de Rémouville, donné par le roi à Paris le 17 [sic] du mois de juillet 1604 […] »[110]

Aujourd’hui VIIe de Juillet MDCIV Le Roy estant à Paris, Désirant reconnoitre les bons & signalés services faits à Sa Majesté & Ses prédécesseurs par Michel de Montreuil S. DelaChaux cy devant Commandant pour Son Service en la Ville et Château de Cherbourg et lui temoigner en toutes occasions qui Se presenteront, combien il fait estat de Sa fidelité & valeur, Sa Majesté lui a libéralement accordé la Cappitainnerie du Bailliage, Ville & Château de Saint Sauveur le vicomte en Normandie, vacante à present par la mort du feu Sieur de Remonville, ou autrement en quelque vacque & Soit en la disposition de Sad. Majesté pour en jouir aux mêmes droits & conditions que les Cappitaines de lad. place en ont jouy, n’ayant Sad. Majesté commandé en expédié aud. S. DelaChaux toutes lettres de provisions nécessaires avec le présent Brevet  qu’elle a signé de Sa main, et fait contresigner par moy Son Conseiller Secrétaire d’estat. Signé Henry, et plus bas Potier[111]

Michel de Montreuil prêta serment le 12 juillet suivant. Par un autre brevet du 7 juillet, il est précisé que cette donation est « faite pour reconnaître les bons et signalez services que S. M. et les rois ses prédécesseurs avaient reçus du dit de La Chaux […] destitué par M. de Matignon qui l’avait remplacé par M. de la Meltière son parent. »[112]

D’après un procès verbal de 1613, alors que l’office appartenait à la famille des Maires – Michel de Montreuil l’avait donc déjà quitté- le château tombait en ruines :

Le pont levys est tout rompu et pourry…A la muraille du costé de la chaussée sont trois tours, où il n’y a aucun bois, planchers, couvertures, huys ni fenestres…Plus a été trouvé, au dit costé, viron quatre perches et demie de muraille fort panchante ; ensemble une autre tour du costé de devers le donjon qui menace ruine…A la basse court a esté trouvé quatre perches de muraille, y servant de closture, tombée dans les fossés du costé du donjon, qu’il est neccessaire de rellever et faire tout à neuf, et qu’elle ait, pour revenir à l’autre, soixante pieds de hauteur…[113]

Nous arrêtons là cette citation éloquente que Delisle poursuit cependant. Lors de la nomination en 1604 de Michel de Montreuil, la région était pacifiée depuis longtemps, les derniers rebelles s’étant ralliés à Henri IV après la promulgation de l’édit de Nantes le 13 avril 1598. Il est permis de douter de la réalité des fonctions ainsi désignées. De plus le capitaine de La Chaux, s’il était né peu de temps après le mariage de ses parents, devait être âgé d’environ 65 ans en 1604. Ce n’était pas à cette époque un jeune âge, même s’il était en bonne santé puisqu’il vécut jusqu’en 1621. Chantereyne signale que cette charge n’obligeant pas à résidence, l’ancien commandant se retira au château de Vaugeois.[114]

C’est lors de son départ du Cotentin que Michel de Montreuil céda sa baronnie de Tollevast à Jacques de la Luzerne. Il l’avait acquise de Louis de Proissy et de Louise Le Grix sa femme, peut-être lors de sa prise de fonctions à Cherbourg en 1584 .

Michel de Montreuil gentilhomme de la maison du roi

 

Le 10 juillet 1606, Michel de Montreuil, qualifié de gentilhomme de la maison du roi, est invité à se rendre à Paris le 22 août suivant pour servir au baptême du dauphin, « dans le meilleur équipage et principalement d’habillement qu’il serait possible » La comtesse de La Chaux indique que l’attestation de ce service date du 11 décembre 1604 et que Michel de Montreuil était alors employé au rôle de la compagnie de Nicolas d’Angennes, capitaine de cent gentilshommes de la maison du roi. Peu après elle précise qu’en 1610 le dit Montreuil prit la qualité d’un des cent gentilshommes de la maison du roi. Nous n’avons pu éclaircir ce passage de son manuscrit. [115]

Décès de Michel de Montreuil et de son épouse

 

Michel de Montreuil mourut à Vaugeois le lundi 21 juin 1621 et fut inhumé dans l’église de Neuilly-le-Vendin « avec la plus grande solennité, tous les principaux du pays y ayant assisté ; l’oraison fut prononcée par un docteur de Sorbonne. »[116]

Un service fut célébré pour lui l’année suivante dans ce même édifice, le 29 septembre [jour de la Saint Michel]. A cette cérémonie on exposa son portrait et ses armoiries. Une ceinture funèbre fut placée autour du temple chrétien.[117]

Françoise de Mondot, sa veuve, mourut peu après, à Vaugeois, « le dimanche de Quasimodo » 1626 c’est-à-dire le 19 avril[118], et « fut inhumée auprès de son mari, au côté droit dans le chœur, près le degré pour monter au lutrin. »[119]

Conclusion

La carrière de Michel de Montreuil, sur fond d’histoire de France, a permis de mettre en relief certains aspects peu ou mal connus de l’histoire de la ville de Cherbourg à une époque troublée par les guerres de religion et en particulier la huitième. Des bandes de pillards ont profité de l’instabilité régnante pour se livrer à leurs exactions. Qu’ils aient eu des motifs plus politiques, concernant notamment la fiscalité, c’est ce qui n’a pas été montré ici et mériterait un autre travail.


[1] Qu’elle écrivait « Vaujois ».

[2] Dont ne subsiste qu’un important fragment.

[3] Bibliothèque Jacques Prévert, Cherbourg, Ms 105.

[4] Gilles-Pierre Avoyne de Chantereyne  Voir Catalogue méthodique de la bibliothèque municipale de Cherbourg, Cherbourg 1885, t. 1, p. 582.

[5] Incendié pour partie en juillet 1789.

[6] Jacques de Matignon. Odolant Desnos, dans ses  Mémoires généalogiques (Arch. dép. de l’Orne, 31 J 96-1), écrit :

             Jacques IIe du nom, sire de Matignon, de l’Espare, prince de Mortagne, comte de Thorigny, de         Gacé, de Celles, baron de la Marque, de la ville de Saint Lô et de Moyon, marquis de Lonrai,       gouverneur de Cherbourg, Granville, Saint Lô et lieutenant général pour le roi de la province de              Normandie gouverneur de Guyenne et Bordeaux, chevalier des ordres du roi, maréchal de   France, fils de Jacques, sire de Matignon et d’Anne de Silly dame de Lonray, naquit à Lonray                 le 16 sept 1523. Son père en mourant ne le laisse âgé que de 6 mois sous la tutelle de sa mère. Il     hérita par le décès de Joachim Goyon son oncle mort sans postérité des sires de Matignon de la               Roche Goyon et de l’ancienne baronnie de Thorigny, que le roi Charles IX érigea en comté en      sa faveur. Il fut élevé enfant d’honneur auprès de Henri II qui n’était encore que le dauphin            auquel il rendit de très grands services aussi bien qu’aux rois Henri III et Henri IV.[…] Il              retourna ensuite en Normandie où il défit 200 anglais, sauva le château de Falaise et contribua à             la prise de Rouen en 1567. […] En 1572, il empêcha le massacre des huguenots à Alençon, à St      Lô, et pacifia la Basse Normandie où il commanda l’armée du roi en 1574 et prit le comte de               Montgomery dans Domfront. Le roi Henri III voulant récompenser ses services le confirma                dans la charge de lieutenant général en Normandie en 1575, lui donna en 1578 le gouvernement       de Cherbourg et l’éleva à la dignité de maréchal de France le 14 juillet 1579 et l’honora le 31        décembre de la même année du collier de ses ordres. […] Ce grand homme également illustre par sa naissance, par sa valeur, par sa fermeté, par sa prudence et par son humanité mourut en          son château de l’Espare le 24 juillet 1597 âgé de 72 ans [sic].

[7] La Chaux, V NG3 F p. 52-54. Voir aussi La Chaux, VII DP F p. 8-10.

[8] Caillebotte, 1840, p. 26.

[9] Lemaitre, 1911, p. 25.

[10]Arch.nat. Z 1 C 89 f° 106-108 cité par Lemaitre, 1911, p. 25.

[11]Lemaitre, 1911, p. 26.

[12] Avoyne de Chantereyne, 1873/1980, p. 120.

[13] Avoyne de Chantereyne, 1873/1980,  p. 119. La famille Dursus, originaire d’Espagne, portait d’or aux trois agaces [pies] au naturel, 2 et 1. Guillaume Dursus aurait obtenu sa naturalisation de François 1er pour sa belle conduite dans les campagnes d’Italie. Il défendit Cherbourg en 1522 contre une incursion anglaise et introduisit les « pommes d’espices » dont on tirait un cidre renommé et apprécié du roi. Voir Claude Pithois, Le Val de Saire 1974, cité dans Université Inter-Ages de Basse-Normandie, 1996, p. 114-115. Louis Dursus, probablement son fils,   serait mort à Cherbourg en mars 1584  selon l’abbé Leroy, curé de Valognes : Leroy, 1875, p. 406.

[14] Avoyne de Chantereyne, 1873/1980,  p. 119.

[15] Nicolas Lescellière et Rogier Dufresne en 1599. Voir Amiot, 1900, p. 284.

[16] La Chaux, V NG3 F p. 61.

[17] Voir Lemaitre, 1911, p. 28.

[18] Houivet, 1898, p. 328.

[19] Letourneur, 1985, P. 158

[20] Arch. comm.  de Cherbourg, DD 31, cité par Amiot, 1900 p. 105-106.

[21] Ibid. p. 106.

[22] Estaintot, 1862, p. 286.

[23]Arch. comm. de Cherbourg, GG 107, cité par Amiot, 1900 p. 283-284.

[24] La Chaux, V NG3 F, p.56

[25] Ibid. p. 57.

[27] La Ferrière Percy, 1888, p. 60. Voir document 1.

[28] La Chaux, V NG3 F, p. 83-84.

[29]Dictionnaire de l’Académie française, septième édition (1877) http://www.dicoperso.com/term/9842,8,xhtml

[30] La Chaux, V NG3 F p. 69.

[31] Carré  d’ Hozier 451 p. 209.

[32] Arch. dép. de l’Orne, 31 J 536: Odolant Desnos Liste des grands baillis du Cotentin.

[33] La Chaux, V NG3 F, p.58.

[34] Ibid.

[35] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 116. 

[35] Ibid. p. 117. 

[36] Ibid. p. 116. 

[37] La Chaux V NG3 F p. 61.

[38] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 116. 

[39] La Chaux V NG3 F p. 62.

[40] Ibid.

[41] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 115.

[42] La Chaux V NG3 F p. 62-63.

[43] La Chaux, V NG3 F p. 64. 

[44] Odolant Desnos Notes pour servir à l’histoire du Cotentin et de Cherbourg Arch. dép. de l’Orne, 31 J 32 p. 71.

[45]  La Chaux, V NG3 F, p. 63.

[46] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 118.

[47] La Chaux, V NG3 F, p. 65-66.

[48] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 119. 

[49] Léopold Delisle, 1891, p. 27.

[50] Le nom du manoir actuel s’orthographie Le Tourps, tandis que celui d’Omonville-la-Rogue s’orthographie Le Tourp. Sur les manuscrits anciens que nous avons pu consulter ne figurait pas d’s. L’étymon scandinave thorp signifiant « village » devrait logiquement conduire à « Tourp ». Voir Lepelley, 1999.

[51] Bibl. Jacques Prévert, Ms 119  102-103.

[52] Arch. comm.  de Cherbourg, EE 65, cité par Amiot, 1900 p. 314

[53] Bibl. Jacques Prévert, Ms 119  101.

[54] La Chaux, V NG3 F, p. 66.

[55]Léopold Delisle, 1891, p. 29.

[56] La Chaux, V NG3 F, p. 66.

[57] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 120.

[58] La Chaux, V NG3 F, p. 67.

[59] Arch. comm.  de Cherbourg, EE 65, cité par Amiot, 1900 p. 314

[60] La Chaux, Id. p. 67.

[61] Estaintot, 1862, p. 153-154.

[62]Ibid. p. 68.

[63]          Les archers mortes-payes des grèves de Cherbourg étaient des officiers chargés de la garde des          grèves entourant la ville ; ils achetaient et pouvaient céder leur office ; ils jouissaient de       certains privilèges et franchises, étaient exempts du paiement de la taille ; pour gages ou soldes      ils recevaient trois sols quatre deniers par jour. (Extrait de l’inventaire analytique des Archives           de la ville de Cherbourg, p. 121-122).

Cité par Lemaitre, 1911, p. 28.

[64] Arch. comm.  de Cherbourg, EE 75, cité par Amiot, 1900 p. 174.

[65] La Chaux, V NG3 F, p. 69.

[66] Ibid. p. 69-70.

[67] Avoyne de Chantereyne, 1980, p. 132.

[68] Estaintot, 1862, p. 266.

[69] Extraits du registre de Guillaume Le Tort tirés et copiés par Pierre Mangon, (ca 1632-16/11/1705) figurant dans ses Mémoires (Ms. 1397-1400 Bibl. de Grenob). Voir Leopold Delisle, « Les Mémoires de Pierre Mangon sieur du Houguet vicomte de Valognes » Annuaire du département de la Manche, 1891, p. 30.

[70] L’ « antiveille » de Noël doit être le 23 décembre et non le 22.

[71] Bibl. Jacques Prévert, Ms 107 bis p. 297.

[72] Bibl. Jacques Prévert, Ms 119 109-110.

[73] Avoyne de Chantereyne, 1980, p. 131.

[74] Estaintot, 1862, p. 267.

[75] La Chaux, V NG3 F, p. 70.

[76] Bibl. Jacques Prévert, Ms 119  106-107.

[77] Ibid.  108.

[78] La vicomté d’Alençon-en-Cotentin était un bailliage-vicomté qui dépendait du bailliage d’Alençon, enclavé dans le bailliage de Valognes. Le siège en était au manoir de la Brisette, à Saint-Germain-de-Tournebu, et l’auditoire, à Valognes. Il comprenait six fiefs dans les paroisses du Vast, Anneville-en-Saire, Carquebut, Flottemanville, Tourlaville, Cherbourg, Vaudreville, Sainte-Croix-au-Bocage, Morsalines, avec des extensions sur Montaigu, Saint-Germain, Tamerville, Saussemesnil, Saint-Martin-d’Audouville, Alleaume et Valognes. Voir Canu, 1972, p. 304.

[79] Bibl. Jacques Prévert, Ms 119 109-110.

[80] Voir infra.

[81] Onze d’après Chantereyne : Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 123.

[82] Six d’après Chantereyne : Ibid.

[83] La Chaux, V NG3 f, p. 71-72.

[84] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 121.

[85] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 121-122.

[86] En face de Saint-Vaast-la-Hougue, Manche.

[87] Blanguernon, 1993, p. 168, qui écrit par erreur 21 décembre 1595.

[88] Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 132-133.

[89] Ibid.  p. 122.

[90] Avoyne de Chantereyne, 1980, p. 128 et Bibl. Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 122.

[91] La Chaux, V NG3 F, p. 71.

[92] Le dimanche des Rameaux précède celui de Pâques, dont on peut connaître la date en fonction de l’année sur le site http://www.calendar.sk/easter-fr.php?year=2006

[93] Ibid. p. 73.

[94] Ibid. p. 75.

[95] Lemaitre, 1911, p. 37-38.

[96] Le 11 mai selon Chantereyne : Bibliothèque Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 124.

[97] Bibliothèque Jacques Prévert, Ibid.

[98] Ibid. p. 125.

[99] S.f. Casque que portaient les gens de guerre à cheval ; il n’est d’usage qu’en parlant des XVe, XVIe et XVIIe siècles. Littré, t. 6, p. 1849.

[100] La Chaux, V NG3 F, p. 78.

[101] Ibid.

[102] BnF, cabinet des titres, pièces originales 2038/46-518/2.

[103] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie t. 18 1851, p. 18/1.

[104] Ibid. p. 22/2.

[105] Arch. dép. de la Seine-Maritime, B 14 p. 312 V, cité par Estaintot, 1862, p. 266.

[106] Bibl. Jacques Prévert, EE 75, 2.

[107] La Chaux, V NG3 F, p. 73.

[108] Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie t. 18 1851. p. 37/2.

[109] La Chaux, V NG3 F, p. 79-80.

[110] Carré  d’ Hozier 451 p. 210.

[111] Arch. munic. de Cherbourg, EE 75 f° 3.

[112] La Chaux, V NG3 F, p. 80.

[113] Delisle, 1980, p. 298-299.

[114] Bibliothèque Jacques Prévert, Ms 105 bis p. 125.

[115] La Chaux, V NG3 F, p. 80-81.

[116] Ibid. p. 84.

[117] Archives personnelles. Photocopie du manuscrit d’Hippolyte Sauvage Histoire manuscrite de Neuilly-le-Vendin, écrit en 1864.

[118] Le dimanche de Quasimodo suit le dimanche de Pâques dont on peut connaître la date selon l’année ; cf. supra.

[119] Archives personnelles. Photocopie du manuscrit d’Hippolyte Sauvage Histoire manuscrite de Neuilly-le-Vendin, écrit en 1864.


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